Pour que trentenaire ne rime ni avec mémère, ni avec prépubère. Liste non exhaustive… à compléter par chacune.

  • Son lit
  • Goûter une huître

Car la maturité, c’est aussi de constater que ce qui est rebutant à 20 ans est toujours meilleur qu’il n’y paraît : le vin rouge, les romans de plus de 200 pages, les hommes qui portent des pantalons avec un pli au milieu…

  • Avoir un appart digne de ce nom

Si possible de plus de 12 m2 . Vivre dans un studio grand comme un sac à main a son charme, qui se dissipe au fil des nuits passées sur un clic-clac dont les pieds débordent sur le palier pour peu qu’on ait l’idée saugrenue de le déplier.

  • Dire à son coiffeur : « Faites ce que vous voulez, je vous fais confiance ! »

Et constater que ça marche encore mieux avec le boucher.

  • Faire le premier pas vers un homme

En fait, un être humain qui nous plaît. Plutôt que d’attendre qu’il vienne à nous, guidé par Tinder, Happn, Once… Prendre sa vie amoureuse, ou juste sa nuit, en main, c’est très bon pour la confiance en soi.

  • Passer le permis

La voix insupportable du GPS, le trou dans la couche d’ozone, la solidarité avec les taxis, et les barmen, ne sont pas des raisons valables pour rester dépendante de ceux qui ont surmonté leur allergie au volant. Sans compter qu’à partir de trois enfants, ça devient difficile avec le scooter.

  • Se réveiller aux côtés d’un inconnu

Ça donne l’impression d’avoir encore un âge avouable en public. Et c’est bon pour le teint, l’ego et le reste.

  • Remplir sa déclaration d’impôts

La poster en temps et en heure. Le répéter en boucle pendant tout un repas dominical. Même s’il s’agissait juste de mettre une croix dans une case et un timbre sur une enveloppe.

  • Dire non

À sa mère, à l’inconnu qui discute avec nos seins depuis une heure, à un quatrième mojito, à son boss, à un mois de camping en Irlande ou à un aller-retour Paris-Barcelone avec escales à Bangkok et Sidney…

 

  • Aller à Berlin

Parce que c’est la ville la plus cool du monde, ex aequo avec New York, et parce que les voyages forment la jeunesse, paraît-il : à 29 ans trois quarts, on n’est pas contre un petit rab.

 

  • Prendre un enfant par la main

Ne serait-ce que pour vérifier si c’est aussi poisseux, chaud et mignon qu’on le dit.

  • Arrêter de mentir à ses parents

Déclarer aux auteurs de nos jours que l’on passe nos nuits sur Tinder, à écluser le prosecco qu’on destinait à notre pot de départ de cette boîte de télémarketing dont on s’est fait virer pour être arrivée en retard trois fois dans la même semaine, c’est ça, être adulte.

  • Acheter une casserole

Pour enfin cuisiner autre chose que des Pépito. Et de la vaisselle non jetable. Et des couverts, pour arrêter de ne manger qu’avec les doigts. Et des aliments verts, rouges, et marron : pas des M&M’s, non, plutôt des haricots, des poivrons et de la viande. Et un four assez grand pour ranger nos souliers, des fois qu’on continue les Pépito.

  • Écouter la démonstratrice beauté qui nous a alpaguée devant le stand

Plutôt que fuir apeurée qu’on nous vende un truc et qu’on se retrouve fichée à la Banque de France. Car grâce à elle, on pourra enfin choisir le bon fond de teint. Y aller mollo avec le fond de teint, tant qu’à faire : ça vieillit.

  • Partir en vacances seule

On n’est pas obligée de partir un an en Inde comme Julia Roberts dans « Eat, Pray, Love » pour en ressentir les bienfaits : passer un samedi soir sans sa bande ni wifi est un bon début.

 

  • Décrocher un vrai job

C’est-à-dire : pas un CDI non rémunéré de 70 heures hebdomadaires qu’autrefois on appelait « stage ». Un vrai job, c’est un travail pour lequel on perçoit un salaire à quatre chiffres, sans virgule au milieu, une fiche de paie, et un minimum de reconnaissance de sa hiérarchie.

 

  • Demander une augmentation

Parce que c’est formidable d’avoir des Tickets restaurant, un repas de Noël à la cantine et le bus gratuit, mais ça ne suffit pas.

  • Avoir vécu, ou vivre, avec un homme (papa ne compte pas)

Ce qui implique de vivre une relation de plus de trois mois (papa ne compte pas).

  • Jeter des choses

Entrer dans la mini-robe zippée qu’on portait le soir où Grégory de la 3e B nous a embrassée, c’est bien. La garder pour notre future fille, ou « au cas où » (quoi ? le zip revient à la mode ?), c’est inutile.

 

  • Acheter une vraie culotte

C’est-à-dire : ni la tenue de travail d’une gogo danseuse qui fait du zèle, ni une espèce de doudou délavé aux élastiques fatigués, dans laquelle on peut se retourner sans toucher les bords. Une culotte de femme, quoi.

  • Pardonner à ses parents ce que l’on n’est pas « à cause » d’eux

Millionnaire, blonde, pianiste, sûre de soi… Tout n’est pas entièrement de leur faute, et puis on vit très bien sous une frange châtaine.

  • Avoir un animal domestique

Pas un hamster, on n’a plus 5 ans, ni un canari, donc pas encore 72 printemps, et certainement pas un furet ou un rat, c’est pour les gens qui écoutent Mylène Farmer. Un chat, c’est bien.

 

  • Connaître, et acheter, sa taille de vêtements

La vraie. Pas celle de quand on aura fait ce régime qu’on « procrastine » depuis une demi-douzaine d’années, ni celle du jean qui nous fait sortir les veines du front tellement il est serré.

  • Entrer dans un sex-shop

Sans bredouiller « Oh pardon, je croyais que c’était la boulangerie ».

  • Lire un classique

« Harry Potter » et « Twilight » ne comptent pas.

  • Marcher avec des talons

Ce qui implique de rentrer le ventre, sortir les épaules, se tenir droite, et choisir des souliers avec lesquels on puisse marcher, et pas seulement clopiner d’une démarche de héron ivre.

 

  • Dormir dans des draps

Qu’on a achetés soi-même, et troqués contre la couette imprimée AC/DC de notre adolescence, qu’on a embarquée avec le clic-clac quand on a emménagé dans notre premier studio.

 

 

  • Avoir un orgasme

Toute seule et/ou à deux.

  • Faire un compromis avec ses rêves d’adolescente

On ne « s’écrase » pas en devenant secrétaire d’édition plutôt que bassiste dans un groupe indé de punk métal : on devient adulte.

  • Mentir sur son âge

C’est le moment ou jamais de prétendre qu’on a toujours 25 ans. À 50, ça risque d’être moins crédible.