UN SECRET ÉTOUFFÉ

Mon cerveau élaborait en boucle les pires scénarios. Plus j’attendais, plus c’était compliqué de leur parler. Je ne savais plus quoi faire, le piège se refermait sur moi alors que je n’avais rien demandé à personne. Si seulement je leur avais tout dit dès le départ… Au bout de deux mois, je n’en pouvais plus de jouer les imposteurs. Je leur ai fixé rendez-vous dans un café. Tous les deux en même temps. Pour une fois, je suis arrivée en avance. J’ai attendu qu’ils soient réunis pour leur dévoiler cette histoire de carte de visite, ce malentendu et dans quel bourbier je m’étais fourrée malgré moi. Et je les ai laissés se débrouiller. Je suis partie, alors qu’ils étaient bouche bée. Voilà, je m’effaçais, pour que leur rencontre ait lieu. J’avais à peine franchi la porte du bar que je regrettais déjà mon intervention. Qu’est-ce qui m’avait pris de les jeter dans les bras l’un de l’autre ? D’où sortait cette loyauté dégoulinante de bons sentiments ? Pour une fois que le bonheur sonnait à ma porte, je le renvoyais chez la voisine. Oups, la cousine. N’importe quoi. Comme s’il n’y avait pas d’autre moyen de dire la vérité.

Pendant que je marchais dans la nuit froide en maugréant sur mon triste sort, sur cette histoire qui allait forcément capoter, j’ai reçu un message de Philippe : « Rejoins-nous vite, ta cousine est très sympa mais elle refile sa carte de visite à tout le bar. Si c’est encore la tienne, je risque d’être un peu jaloux. » Je jubilais. Je savais bien, au fond, qu’elle n’aimait pas les chauves, Lisa.

Vous avez envie de raconter votre histoire ? Nos journalistes peuvent recueillir votre témoignage. écrivez-nous 🙂