Elles ont cru avoir rencontré le grand amour et se sont petit à petit retrouvées piégées dans une relation destructrice. Violences physiques, harcèlement moral, humiliations quotidiennes, isolement, culpabilisation : Carole, Mathilde et Amélie ont chacune partagé la vie d’un pervers narcissique et ont écrit « J’ai aimé un pervers » pour se reconstruire. Mathilde Cartel, 40 ans, dont 15 ans passés aux côtés d’un homme manipulateur, témoigne.jai-aime-pervers-histoire-dun-drame-conjugal_02

Dans le livre vous racontez votre histoire d’amour et de souffrance avec un pervers narcissique, votre ancien mari…

Mathilde Cartel : J’ai connu Frédéric à 17 ans, nous sommes sortis ensemble quand j’avais 19 ans et je suis restée 15 ans avec lui : c’était mon premier amour. Dès le début de notre relation j’ai senti que quelque chose ne tournait pas rond mais j’ai occulté très rapidement mes premiers doutes. Puis il m’a frappée pour la première fois : j’ai fui, voulu rompre, mais il a su me récupérer, me faire des promesses qui m’ont fait rester. A partir de ce moment-là, je me suis plongée dans un déni complet de tout ce qui était négatif et inacceptable dans notre relation.

A quoi ressemblait votre quotidien avec cet homme manipulateur ?

M.C. : Cela a commencé avec un processus d’isolement : je voyais de moins en moins ma famille, mes amis … Cela a été exacerbé par notre installation en Italie, un choix de mon mari évidemment. En parallèle, il me culpabilisait en permanence : j’étais une mauvaise mère, une mauvaise épouse, une bonne à rien. A force de me remettre en question en permanence je n’ai plus eu de discernement aucun, il était devenu mon seul repère et je vivais exclusivement à travers lui. J’étais sous son emprise en permanence, et cela concernait même des petites broutilles du quotidien : il avait son propre pain, sa propre confiture, son pot de nutella, dont il vérifiait chaque soir le niveau pour bien vérifier que je n’y avais pas touché, tout comme il vérifiait le compteur kilométrique de ma voiture pour s’assurer que je ne m’en étais pas servi. Il s’appropriait tous les objets et j’ai fini par faire partie de ces objets. C’est un lavage de cerveau en bonne et due forme que j’ai subi.