La négation du clitoris
La masturbation féminine se conclut majoritairement par une jouissance clitoridienne, sans pénétration vaginale. Pour l’homme, c’est une atteinte à la dignité de son pénétrant phallus. D’où l’idée de s’attaquer au clitoris. En Occident, passée la période barbare des excisions chirurgicales, on pratique une excision mentale. Les livres de sexologie – exceptés ceux écrits par les féministes – décrivent le plaisir clitoridien comme immature lorsqu’il est exclusif, ou comme préliminaire à la pénétration.
Persuadées, nombre de femmes consultent : « Docteur, je suis clitoridienne, est-ce normal ? » Les vibromasseurs adoptent à 90 % la forme d’un pénis géant, comme s’il fallait associer plaisir et membre viril. Dans de nombreux pays, sous l’influence de l’islam et des cultes animistes, les mutilations sexuelles – excision, infibulation – suppriment à jamais le plaisir clitoridien et sont parfois mortelles. Les femmes, conditionnées à croire qu’elles ne sont vraiment femmes qu’une fois excisées, font à leur tour exciser leurs filles. Longtemps, ces pratiques ont été considérées par les Occidentaux comme des « coutumes culturelles » impossibles à contester. Depuis peu, les tribunaux français les qualifient d’actes mutilatoires et condamnent à ce titre les coupables.