Les maladresses

Nous voulons être intéressant et nous ne sortons que des banalités. Nous voudrions faire de l’effet, mais nous renversons notre verre… « Un soir, j’allais dîner avec un homme qui me plaisait beaucoup dans un restaurant libanais. Sur la table, il y avait des crudités et un petit piment que j’ai pris pour un poivron. J’ai croqué dedans et, instantanément, ma langue a doublé de volume. Nous avons atterri aux urgences ! » raconte Marianne, 40 ans, décoratrice.

Le sexothérapeute Alain Héril voit dans ce témoignage la force du désir à l’état brut, et dans cette langue en feu, un excellent moyen d’empêcher la parole de se dire, au profit de l’émotion. « Toutes ces maladresses sont une façon indirecte d’indiquer à l’autre que nous sommes troublé par lui, qu’il nous fait perdre tous nos moyens, détaille-t-il. C’est un signe fort que nous lui envoyons, bien qu’en apparence il semble contreproductif. » Même emballement chez la psychanalyste Sophie Cadalen pour ces actes manqués : « Voilà qui est très prometteur ! Notre inconscient s’amuse à nous jouer des tours. Notre appréciation de la situation nous file entre les doigts, c’est toujours le signe d’une rencontre importante. »