Les tactiques
L’amour naissant est peuplé de doutes et de tourments. Et, parfois, de tactiques dérisoires pour les masquer. Nous feignons de ne pas attendre de coup de téléphone, nous nous prétendons pris pour la soirée, alors que nous sommes libre comme le vent, pour ensuite nous morfondre. Que cachent ces mises en scène ? « La crainte de se dévoiler, au risque d’être éconduit, répond Alain Héril. C’est notre narcissisme qui est en jeu. Elles signent souvent une mésestime de soi. »
Ajoutons encore que nous avançons en terrain inconnu, obligé de penser à la place de l’autre, de nous comporter comme nous pensons qu’il aimerait que nous nous comportions, alors que nous l’ignorons ! Le naturel n’est pas vraiment au rendez-vous… Heureusement, Sophie Cadalen nous rassure : « Aucune stratégie ne résiste à l’amour. Feindre l’indifférence ne marche que si nous sommes relativement détaché. »
La résistance
« Non, ce n’est pas possible, ce n’est pas mon genre ! Et puis, c’est trop tôt, trop tard, trop… » Signe infaillible ou presque de l’amour naissant : la résistance que nous lui opposons. « Quand nous sommes en face d’un partenaire qui ne correspond pas à nos critères conscients, mais qui nous déstabilise inconsciemment, nous perdons pied, analyse Alain Héril.
Dérouté, nous essayons coûte que coûte de revenir dans le droit chemin en nous raisonnant. » Ajoutons encore que, effrayé par notre désir, auquel, la plupart du temps, nous n’avons pas l’habitude de faire de la place, nous sommes tenté de fuir. Ce vertige s’accompagne d’un sentiment de panique : c’est bien beau tout ça, nous murmure une petite voix, mais si cela ne durait pas ? Autant devancer ce chagrin potentiel et fuir le bonheur de peur qu’il ne se sauve.