Je me suis toujours montrée forte, sereine, droite comme un pic et résistante face aux tempêtes et aux coups, sans demander l’asile émotionnel ni le droit à un câlin.
Je me suis résignée à taire mes peines et mes revendications, car même si je considérais que l’échec était déjà assuré, je faisais les choses telles qu’il fallait les faire.
Je me suis toujours montrée forte et c’est pour cela que je me suis brisée comme jamais. Un jour comme un autre, sans pouvoir le contrôler.
J’ai refusé de verser des larmes et j’ai somatisé mes émotions. Elles se sont transformées en ce que l’on appelle des symptômes isolés de maladie, même si je continuais ainsi, considérant que c’était le prix à payer pour un entourage qui me demandait, et me demandait toujours plus, sans rien me donner en échange.
Je n’ai pas mis de frontières à l’aide émotionnelle que d’autres me demandaient. Mes frontières étaient larges et soyeuses pour les autres et pourtant, mon espace émotionnel se transformait en un territoire aride avec des barbelés tranchants pour moi-même.
Mes forces offertes aux autres, mon oreille patiente, mes éternelles concessions devinrent mes prisonniers émotionnels particuliers.
Tout le monde avait la clé pour accéder à mon espace et pour moi, il était de plus en plus nécessaire de sortir pour reprendre mon souffle.
Quand je m’en suis rendue compte, cela faisait un moment que j’avais franchi la ligne de l’humainement supportable. Je continuais à croire qu’il fallait rester forte, sans pourtant l’être.