C’est quelque chose d’extrêmement courant et qu’on garde pourtant sous silence : les douleurs ressenties pendant l’acte sexuel. Picotements, irritation, peau pincée, problème de lubrification, corps mal positionné… Les raisons sont multiples et ne sont pas forcément liées à un problème de santé grave comme le vaginisme ou la vuldovynie. Une récente étude menée par l’université de l’Indiana aux Etats-Unis indique même que nous sommes finalement très nombreux à être touchés par cette gêne.
Sur les 1 738 personnes interrogés, 30% des femmes et 7% des hommes ont avoué qu’il leur arrivait de souffrir durant les rapports vaginaux. Ce niveau de douleur augmente lorsqu’il s’agit des rapports anaux. Elles sont alors 72% à dire qu’il leur arrive de ressentir une douleur modérée à sévère, tandis que chez les hommes, les chiffres grimpent à 15%. Mais dans tous les cas, une chose choque : peu de personnes osent évoquer le problème avec leur partenaire. C’est ainsi le cas pour 43% des femmes et 65% des hommes. Mais alors, pourquoi cette loi du silence ?
Quand la pression sociale s’invite sous les draps
A en croire Debby Herbenick, professeur à l’université de l’Indiana en charge de l’étude, notre difficulté à parler tout haut de ce sujet est ancré en nous très tôt. Elle explique : « On élève les femmes en leur martelant que le sexe fait mal. Alors bien sûr, il est normal de ressentir une sensation d’inconfort les premières fois. Mais on fait du mauvais travail car on n’explique pas aux femmes que cette gêne est censée disparaître après un certain temps ». Mais plus que l’éducation sexuelle qui est à revoir, ce sont les attentes de la société qui s’infiltrent insidieusement dans nos lits. Comme le rapporte Mic.com , les femmes reçoivent des messages conflictuels vis-à-vis du sexe. Si on nous répète souvent que l’acte sexuel doit être fun, on nous dit également que les choses peuvent prendre une tournure bizarre, mais qu’il ne faut pas s’inquiéter et surtout, qu’il ne faut pas oublier le but ultime : faire plaisir à son partenaire. A partir de là, comment trouver le courage de dire à l’autre quand quelque chose cloche ?
Les hommes ne sont évidemment pas en reste. Depuis la nuit des temps, on demande expressément à ces messieurs d’être virils. On leur assène qu’ils doivent prendre les choses en main sous la couette, quitte à bien souvent transformer une partie de jambes en l’air qui pourrait être fun en véritable film porno. Tout comme les femmes, ces messieurs sont donc invités à entrer bien confortablement dans un moule et à ne jamais se plaindre. Interrogé par Mic.com, un certain Matthew résume parfaitement le problème : « Certaines femmes mordent et griffent et je ne suis pas sûr d’aimer ça. Mais je ne me vois pas dire quelque chose. Il y a une pression sur les hommes. Ils doivent appuyer sur un interrupteur et se transformer tout à coup en bêtes brutales. Personne ne veut d’un mec qui pleurniche parce qu’il a mal ».
Pour le professeur Debby Herbenick, il n’y a évidemment qu’une seule solution : briser le tabou avec son partenaire. Si quelque chose vous dérange, dites-le : « Même si c’est une petite douleur et que vous n’aimez pas ça, c’est ok d’arrêter et de dire que vous voulez quelque chose de différent. Je sais que c’est une conversation très difficile à avoir, surtout quand le sexe est nouveau pour vous. Mais en parlant, vous devenez plus à l’aise avec votre sexualité ».