Halètements, gémissements, petites exclamations et grands râles… le point sur les cris de l’amour avec l’experte sexo Sophie Bramly.
Qui crie le plus fort au lit ? Quel que soit le siècle ou le continent où l’on se trouve, la réponse est toujours la même : la femme. Cette constance a conduit les scientifiques à s’intéresser au phénomène, lequel les passionne tant qu’il est maintenant désigné par un acronyme : FCV (Female copulatory vocalization, ou, en français, vocalisation féminine durant l’acte).
Si la réponse est invariable, c’est inéluctablement qu’il y a une cause. Une étude, publiée en 2011 par l’université de Central Lancashire en Angleterre, a porté sur moins d’une centaine de femmes âgées de 21 à 52 ans. Elle a révélé que l’orgasme féminin était essentiellement atteint par la masturbation du clitoris, la pratique du cunnilingus et, plus rarement, par la pénétration vaginale. Mais paradoxalement, les râles de la femme s’entendraient plus volontiers pendant la pénétration, juste avant ou pendant l’orgasme du partenaire. Les chiffres, vus par les scientifiques, avancent que 66% des femmes le font pour accélérer la jouissance de l’homme en vue de réduire inconfort, douleurs ou fatigue. Pourtant, la durée moyenne de la pénétration est entre 3 et 7 minutes et l’obsession masculine est d’échapper à l’éjaculation précoce, pas de lutter contre l’ennui. Pour 92% des femmes qui se sont prêtées à cette enquête, cela permet également de rassurer le partenaire sur sa performance, tout en poursuivant des buts multiples : éviter l’infection par des rapports prolongés, réduire les risques d’infidélité ou d’abandon, et garantir la permanence des ressources ainsi qu’une protection. Les femelles primates ayant également un langage de l’amour qui fonctionne selon des codes similaires, les auteurs de cette étude ont conclu que « les femmes ont ainsi la possibilité de manipuler le comportement des hommes à leur avantage ».
À cette première interprétation, qui a soulevé l’ire des féministes américaines, d’autres scientifiques ont avancé des explications différentes. « Ces vocalisations serviraient à attirer les mâles pendant la période d’ovulation, favorisant ainsi la compétition spermatique, et son cortège de bienfaits à la fois reproductifs et sociaux », selon Christopher Ryan, psychologue dont l’essentiel du travail s’est orienté vers la distinction entre naturel et culturel chez les humains.