« Avez-vous essayé de fermer vos jambes ? Avez-vous essayé de fermer vos organes génitaux ? ». Ce sont les deux questions que la juge Maria del Carmen Molina a posé à une jeune femme lors du procès qui l’opposait à son ex-conjoint, qu’elle accuse de viol. Les faits se sont déroulés le 16 février dernier au palais de justice de Vitoria, au Pays basque alors que la victime racontait le supplice qu’elle avait enduré pendant des mois.
Enceinte de 5 mois, la jeune femme est restée interdite par les questions de la magistrate. « J’ai été choquée par l’agressivité des questions, qui a tout fait pour minimiser les charges contre mon violeur », a-t-elle raconté.
« Des questions offensantes qui violent la dignité de la victime »
Son histoire aurait pu passer inaperçue si l’affaire n’était pas remontée jusqu’à l’association féministe Clara Campoamor, qui l’a rendue publique le 5 mars. « Elle n’a aucune rigueur professionnelle, et n’a fait preuve d’aucune éthique. Si nous ne protégeons pas la victime de ces violences, que nous reste-t-il ? Compter les mortes ? », s’est indignée la présidente de l’association Blanca Estrella Ruiz dans les colonnes d’El Mundo.
« Ces questions ne sont pas seulement inutiles à l’enquête, elles sont aussi totalement offensantes et violent la dignité de la victime », a également déclaré Blanca Estrella Ruiz auprès de l’agence Europa Press. « Malheureusement, poursuit la présidente de l’association, ce n’est pas un acte isolé, ce juge est une habituée de ce genre de comportement. D’autres femmes ont déposé des plaintes au sujet de la culpabilité qu’elles ont ressentie dans cette cour. Les femmes ont peur de la façon dont on traite les victimes dans cette cour de justice et de la façon dont on signale ces crimes. »
Aujourd’hui, Clara Campoamor réclame la destitution de la magistrate. Le parquet de Madrid pourrait bien lui donner raison puisqu’il a annoncé l’ouverture d’une enquête à l’encontre de Maria del Carmen Molina pour déterminer d’éventuelles sanctions.
Selon un rapport publié en 2014 par L’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne (FRA), 22% des Espagnoles ont déclaré avoir déjà été victimes de violences physiques et sexuelles.