Dans le golfe du Bengale (à côté de l’Inde), l’île de North Sentinel est occupée par les Sentinelles, une tribu autarcique qui vit très isolée du monde extérieur. À tel point que l’île est considérée comme la plus dangereuse du monde !
À l’heure où la mondialisation porte son empreinte et son mode de vie tout autour de la planète, il existe encore quelques coins reculés qui sont vierges de toute modernité. C’est le cas de l’île de North Sentinel, située dans le golfe du Bengale, dans l’océan Indien, et qui est officiellement administrée à l’Inde.
L’île des Sentinelles, la plus dangereuse du monde
Seulement voilà, en réalité, cette île d’une superficie de 72km² (l’équivalent de l’île de Manhattan, à New York) est le territoire des Sentinelles, une tribu autochtone qui vit en totale autarcie et rejette tout contact avec le monde moderne. Il s’agit d’un peuple de chasseurs-cueilleurs venu d’Afrique il y a 60 000 ans et dont le mode de vie n’a jamais évolué.
Dans les années 80, le gouvernement indien a tenté d’établir un programme de rapprochement avec les Sentinelles mais ces derniers ont rejeté toute approche amicale à coups de flèches et de lances. L’Inde a donc abandonné et le gouvernement territorial des îles Andaman-et-Nicobar a déclaré ne pas vouloir interférer avec le mode de vie et l’habitat des Sentinelles. L’île est donc aujourd’hui considérée comme une « région autonome » de l’Inde.
Le gouvernement indien a même décidé d’interdire toute tentative de contact avec les Sentinelles, et il est aussi illégal de s’approcher de l’île. Une prérogative qui vise également à protéger les indigènes contre nous-mêmes… En effet, leur mode de vie primaire peut les rendre totalement vulnérables face aux microbes que l’on peut transporter. Une simple grippe pourrait sonner le glas toute la population puisque leur système immunitaire n’est pas adapté au nôtre.
Face à l’hostilité des autochtones et des prédispositions prises par les autorités, il est donc totalement impossible de nouer une quelconque relation. À une exception près…
Pour en connaître plus sur les Sentinelles, il faut saluer le travail de l’anthropologue britannique Trilokinath Pandit, seule personne (avec son équipe) à avoir pu établir un contact amical avec cette tribu. Si sa première tentative remonte aux années 60, il lui a fallu une trentaine d’années pour qu’il puisse être accueilli sans être menacé. À l’époque, auprès du Telegraph, il exprimait son étonnement : « On ne sait pas pourquoi, soudain, ils ont décidé de baisser les armes. »
Pour pouvoir marcher sur le sable de la North Sentinel Island, l’anthropologue et son équipe ont dû s’accoutumer aux traditions locales et donc ôter leurs vêtements et leurs accessoires (chaussures, montres, lunettes, etc…). Suite à sa visite, Trilokinath Pandit a établi que les Sentinelles n’étaient pas des cannibales, contrairement aux idées reçues de l’époque, et qu’il n’y avait aucun chef de tribu, ni sorcier. En réalité, les Sentinelles vivent essentiellement de la chasse et de la pêche.
Depuis cette rencontre, les Sentinelles n’ont laissé plus personne s’approcher de leur île. En 2006, deux pêcheurs imprudents ont accosté sur l’île et n’ont pas survécu. L’hélicoptère venu pour récupérer les corps a eu le droit à un accueil tout aussi chaleureux, à coups de flèches. Sur les rares images, on peut distinguer de très loin l’arsenal artisanal des Sentinelles. Ce fait divers confirmait au passage que les Sentinelles avaient survécu au tsunami de 2004 qui avait meurtri la région.
En 2014, lors de la disparition du Boeing 777 de la Malaysia Airlines, des images aériennes de la NASA laissaient entrevoir d’importantes traces de fumée s’échapper de l’île. Les hypothèses entourant un possible crash de l’engin sur la terre des Sentinelles avaient cependant été démenties par les autorités indiennes.
Finalement, malgré tous ces mystères autour de leur existence, les Sentinelles ont aujourd’hui acquis le droit de vivre comme bon leur semble sur leur île, selon leurs us et coutumes. Quiconque tentera d’assouvir sa curiosité en approchant leur territoire pourrait bien y laisser sa peau…
Pour les anglophones, découvrez la seule rencontre des Sentinelles filmée par l’anthropologue susmentionné :