Peut-on considérer que l’infidélité commence avant le passage à l’acte (au lit) ? Des lectrices (et des lecteurs !) nous expliquent à quel moment, selon eux, on bascule dans l’adultère.
« Au premier mensonge, c’est la rupture » – Alex, 28 ans
« Je considère que l’infidélité commence quand on commence à se cacher des trucs. Si ma partenaire se montre honnête vis-à-vis de notre relation, je suis prêt à fermer les yeux sur beaucoup de choses… y compris sur une aventure sans lendemain. Après tout, elle est libre, elle fait ce qu’elle veut : elle ne m’appartient pas. Par contre, à partir du premier mensonge, je considère que la confiance est rompue. »
« Le flirt, c’est déjà une infidélité » – Émilie, 35 ans
« Avec mon mari, nous avons établi des règles bien précises dès le début de notre histoire : pas de flirt avec les membres du sexe opposé, même « pour jouer ». Aussi, si je le surprend à envoyer un texto bizarre à une fille que je ne connais pas (et ce, même s’il n’y a jamais eu contact physique !), je prendrais ça comme un manque de respect total. Et je serais prête à le quitter. »
« Un avertissement et puis basta » – Élodie, 25 ans
« Je pense que tout dépend des situations : si je surprends mon mec à draguer une autre fille, je vais lui donner un avertissement, du genre « la prochaine fois, je m’en vais ». Ça peut paraître extrême, mais je n’ai plus envie de me laisser marcher sur les pieds ! Par contre, s’il y a contact physique (un bisou, par exemple), là, il n’y aura même pas de mise en garde : je fais mes valises. »
« Il faut se laisser un peu d’air » – Mégane, 21 ans
« Je ne quitterais certainement pas mon homme pour un échange de textos un peu bizarre. Je considère que dans un couple, parfois, on a besoin de rencontrer d’autres hommes (ou d’autres femmes !) pour entretenir le sentiment amoureux. Je comprendrais que mon chéri ait besoin de « tester » son pouvoir de séduction, pour se rassurer. Tant qu’il ne passe pas à l’acte ! »
« C’est le passage à l’acte qui compte » – Lauryelle, 30 ans
« Les textos, c’est virtuel. Aussi, je découvre que mon mari entretient une relation par texto (ou par Facebook, ou autre…) avec une autre femme, je vais lui laisser le bénéfice du doute. Après tout, peut-être n’est-ce qu’un jeu sans conséquences. A mes yeux, ce qui compte, c’est le passage à l’acte : un contact physique érotique (un baiser, par exemple), ça trahit tout de suite une infidélité. »
L’avis de la spécialiste : Élisabeth Couzon, psychologue clinicienne
La fidélité, c’est une valeur : tout le monde n’en a pas la même définition – et ne lui accorde pas la même importance. Il est donc essentiel d’en parler en amont avec son partenaire afin de définir (dès le départ) ce qui est « acceptable » ou non au sein du couple. Pas très romantique, certes, mais nécessaire afin d’éviter les mauvaises surprises ! De manière générale, une histoire d’amour ne peut pas se construire de manière harmonieuse sans communication.
S’il y a infidélité, on considère que le « contrat moral du couple » est rompu. De son côté, l’infidèle doit se poser les bonnes questions avant de repartir dans une relation sérieuse : qu’est-ce que j’ai été chercher ? De quoi avais-je besoin que mon couple ne me fournissait pas ? Mon acte reflète-t-il un besoin personnel plus profond ? Bien souvent, l’infidélité correspond à un refus de travailler sur soi : c’est une fuite.
Du côté de la personne trompée, bien sûr, c’est le choc. Aussi, il est essentiel de ne prendre aucune décision à chaud : je recommande un temps de réflexion – difficile mais indispensable. J’ai observé que, si c’est l’homme qui est trahi, c’est l’amour-propre qui est touché. Chez la femme, c’est plutôt le sentiment de sécurité affective qui est ébranlé. Bien que les réactions aient tendance à s’équilibrer au fil des générations ! Par ailleurs, cette trahison peut réveiller des souvenirs douloureux (divorce des parents, abandon…).
Bien sûr, on peut surmonter une infidélité. D’ailleurs, 37 % des Français ont déjà trompé leur conjoint : la situation n’a rien d’exceptionnel. Mais cela exige du temps et beaucoup d’efforts. D’abord, chacun doit travailler sur lui-même : mettre en perspective cet adultère avec son histoire personnelle, prendre conscience de certains comportements répétitifs… Ensuite, l’échange doit se poursuivre à deux, autour de discussions calmes et sérieuses. Si c’est trop difficile, une thérapie conjugale peut être envisagée. Mais si le couple parvient à dépasser cette période délicate, il n’en sera que plus fort.