Pourtant, que ce soit l’homme ou la femme qui se pare des plus beaux ornements, ce ne sont jamais ces derniers qui déclenchent le désir, mais lesphéromones – de « phéro », le transport, et « hormone » du grec hormaien, qui signifie « exciter » – , des molécules si savantes qu’elles communiquent entre elles à plusieurs kilomètres de distance et échangent des informations sur la compatibilité des corps et l’attirance mutuelle. Ces molécules sont sécrétées par des glandes dites « apocrines », que l’on trouve sous les aisselles, les mamelons, dans l’aine, dans l’anus et l’appareil génital. C’est notre sueur qui les diffuse le mieux, c’est pourquoi certaines femmes font l’économie de tous parfums de marque et se contentent de plaire en mettant derrière chaque oreille quelques traces de copuline (sécrétions vaginales).

Lorsque rencontre il y a, c’est le baiser qui ensuite vérifie le système immunitaire. Si le couple s’installe dans la relation et que l’euphorie première de la relation amoureuse s’essouffle, d’autres hormones prennent le relais comme l’ocytocine, et la phényléthylamine, appelée aussi peptide de l’amour (on la retrouve également dans le chocolat, le vin rouge et le fromage et elle fait partie de la famille des amphétamines). C’est lorsque le sevrage de cette dernière se passe bien que le couple peut durer.

Aussi révoltant que cela puisse être, c’est certainement en partie la raison pour laquelle certaines personnes qui ne sont pas forcément les plus jolies (en tout cas selon les critères du moment) attirent. Le mélange d’assurance, de tranquillité et la confiance dans ce pouvoir internefont plus que les attitudes séductrices, rarement séduisantes.

Pour Baudrillard, « La séduction est de l’ordre du rituel », et le rituel à son importance symbolique qu’on ne saurait ignorer. Mais puisque Cupidon, le messager de l’amour, n’est pas un enfant joufflu dardant ses flèches sur l’être aimé, mais un ensemble de molécules à l’efficacité redoutable, quelques économies sur le superflu seront bienvenues en ces temps de crise et n’auront aucune incidence sur la capacité à séduire.