Les chercheurs ont découvert de nouvelles preuves que certains aspects de notre personnalité affectent notre santé et notre bien-être. D’une part, cela soutient le lien à long terme entre la personnalité et la santé physique et la longévité.

Des équipes de psychologues de l’Université de Nottingham et de l’Université de Californie, à Los Angeles, ont examiné la relation entre certains traits de personnalité et les gènes qui affectent notre santé en contrôlant l’activité de notre système immunitaire.

Les résultats de l’étude confirment la théorie commune selon laquelle les tendances à des émotions négatives, comme la dépression et l’anxiété peuvent conduire à une mauvaise santé (des personnalités sujettes aux maladies). Les aspects liés aux différences génétiques sont le degré d’extraversion et de conscience des individus.

L’étude a utilisé une technologie de puces ADN hypersensibles pour examiner les relations entre les cinq principaux traits de personnalité et deux groupes de gènes actifs dans les globules blancs (leucocytes) : l’un concerne les inflammations, l’autre, les réponses antivirales et les anticorps.

Un groupe de 121 adultes en bonne santé de différentes origines ethniques a été recruté. Il comprenait 86 femmes et 35 hommes âgés de 18 à 59 ans, avec une moyenne d’âge de 24 ans. Ils ont rempli un test de personnalité mesurant les cinq grands aspects de la personnalité – extraversion, névrose, ouverture, fait d’être agréable et conscience.

Ils ont subi des prélèvements sanguins destinés à l’analyse de leurs gènes. Leurs habitudes concernant la consommation de cigarettes et d’alcool, ainsi que l’exercice physique, ont aussi été relevées. L’analyse de leurs gènes a été menée au laboratoire d’UCLA.

Les personnalités de type D, une catégorie définie dans les années 1990, sont caractérisées par les sentiments suivants : la négativité, la dépression, l’anxiété, le stress, la colère et la solitude. Le lien entre ces personnalités et un mauvais état de santé est probablement dû à leur marque de fabrique, un niveau de stress élevé.

LA CONSCIENCE

Les personnes consciencieuses sont travailleuses, fiables et capables de contrôler leurs pulsions. Elles aiment que les choses soient planifiées et atteindre leurs objectifs. Les chercheurs ont découvert que ces personnes peuvent se protéger efficacement contre les maladies. Ils ont établi qu’une augmentation d’un point sur une échelle de conscience de 1 à 4 peut réduire les risques d’avoir un AVC de 37%. Cette augmentation  réduit aussi les risques de souffrir d’une tension artérielle élevée de 27%, 23% pour l’arthrite et 20% pour le diabète. Un des chercheurs, le professeur Joshua Jackson, a précisé qu’ils n’avaient pas fait de différence entre le diabète de type 1 et celui de type 2, mais a ajouté : « parce que toutes les personnes était adultes, et qu’il s’agissait de diabètes diagnostiqués récemment, nous avons présumé qu’il s’agissait, pour la plupart, d’un diabète de type 2 ». Le diabète de type 1 se produit quand le système immunitaire se trompe de cible et détruit les cellules du pancréas chargées de produire de l’insuline. Le diabète de type 2 arrive quand le corps répond moins bien à l’insuline. Il est habituellement diagnostiqué après l’âge de 30 ans et souvent associé au surpoids. Le lien entre la conscience et la santé pourrait être que les personnes consciencieuses prennent généralement soin de leur santé, à travers une alimentation saine et de l’exercice physique, importants pour prévenir des maladies comme les AVC, une tension artérielle élevée et le diabète, affirment les chercheurs.

L’OUVERTURE

Les gens ouverts sont curieux, imaginatifs, aiment jouer avec de nouvelles idées et ont un large éventail de centres d’intérêt. Une augmentation d’un point sur une échelle d’ouverture de 1 à 4 réduit les risques d’avoir un AVC de 31%, d’avoir un problème cardiaque de 17%, de souffrir d’une tension artérielle élevée de 29 % et d’avoir de l’arthrite de 21%. Etre plus ouvert pourrait aider les gens à être plus créatifs, ce qui réduirait le stress et pourrait améliorer leur santé grâce à une meilleure communication avec les médecins.

L’EXTRAVERSION

Les personnes extraverties sont positives, bavardes, sociables, ont de l’assurance et aiment être au centre des fêtes. Les chercheurs ont découvert qu’une augmentation d’un point sur une échelle d’extraversion de 1 à 4 réduisait les risques de souffrir d’une tension artérielle élevée de 26%.

LE FAIT D’ETRE AGREABLE

Les personnes agréables apprécient de bien s’entendre avec les autres. Elles ont tendance à être attentionnées, gentilles, généreuses, secourables, fiables, dignes de confiance et cherchent le compromis. Une augmentation d’un point sur l’échelle du fait d’être agréable fait baisser de 21% les risques d’être diagnostiqué avec de l’arthrite Le professeur Joshua Jackson affirme que de précédentes études n’avaient trouvé aucun lien entre le fait d’être agréable et la santé et qu’il souhaitait refaire une étude sur le sujet à l’avenir pour s’assurer des résultats. Cependant, en théorie, les relations sociales forgées par des gens agréables les protègent contre les maladies. Le chercheur ajoute : « les individus agréables sont chaleureux, attentionnés. Cela conduit à des relations plus profondes. Les relations sociales sont associées avec une bonne santé, de nombreuses recherches l’ont montré. Ce pourrait être la raison pour laquelle le fait d’être agréable protège des maladies »

LA NEVROSE

Les gens névrosés sont susceptibles et nerveux, et ressentent souvent de la colère, de l’anxiété ou de la dépression. Ils s’inquiètent constamment et sont plus susceptibles de développer une maladie qui les pousserait à s’inquiéter, a établi l’étude. Une augmentation d’un point du degré de névrose augmente de 24% le risque de souffrir d’un problème cardiaque, de 29% celui d’avoir une maladie des poumons, de 37% les risques d’avoir une tension artérielle élevée et de 25% celles d’avoir de l’arthrite. Selon la médecine traditionnelle chinoise, quand les organes sont faibles, déficients ou malades, un certain type d’émotions peut remonter à la surface.

Voici les cinq principaux organes et les émotions qui leur sont associées, selon cette théorie:

La colère: le foie est associé avec la colère et les symptômes sont visibles aux yeux (cernes) et à travers des pathologies relatives aux vaisseaux sanguins (varices).

L’inquiétude : la rate est associée à l’inquiétude. En médecine chinoise, la rate  gouverne la digestion, avec l’estomac. Quand elle est faible, des symptômes d’indigestion, de ballonnements, de diarrhées et de côlon irritable se produisent.

La tristesse/ le chagrin : les poumons sont associés avec la tristesse et le chagrin. En médecine chinoise, ils contrôlent le système immunitaire, la peau et, bien sûr, la respiration. De nombreuses maladies chroniques découlent d’un chagrin inconsolé. On pourrait même, selon la médecine traditionnelle chinoise, émettre l’hypothèse qu’étant donné que le cancer est un échec du système immunitaire à détecter et à éliminer une tumeur, il pourrait être connecté au chagrin.

La peur : les reins sont associés avec la peur. En médecine chinoise, ils gouvernent les os, le système nerveux, le bas du dos et le système génito-urinaire (les reins, la vessie). La joie : en médecine chinoise, le cœur est associé avec la joie. Même si c’est normalement une bonne chose et que la plupart d’entre aime avoir plus de joie dans sa vie, le concept est décrit comme « joie excessive » ou excitation. Par exemple, quand votre cœur est trop actif, vous pouvez souffrir d’insomnie.

Le directeur de recherche Kavita Vedhara, de l’Ecole de Médecine de Nottingham, affirme : « nos résultats indiquent que l’extraversion » est significativement associée avec une expression accrue de gènes anti-inflammatoires et que la « conscience » est liée à une expression réduite de gènes impliqués dans l’inflammation. En d’autres termes, les individus qui devraient s’attendre à être plus exposés aux inflammations en raison de leur sociabilité (c’est-à-dire l’extraversion) ont, en fait, un système immunitaire qui combat mieux les infections.

Alors que les personnes qui devraient être moins exposées aux infections en raison de leurs dispositions prudentes/consciencieuses ont un système immunitaire qui répond moins bien. Toutefois, nous ne pouvons pas dire quel élément précède l’autre : est-ce notre biologie qui détermine notre psychologie ou l’inverse ? ». Ces deux associations sont indépendantes des comportements des participants en matière de santé et les sous-ensembles de globules blancs sont issus du système immunitaire.

Ils sont eux aussi indépendants de la quantité d’émotions négatives que les participants ressentaient. L’étude a également découvert que l’expression de gènes antiviraux/anticorps n’était pas significativement reliée à une dimension de la personnalité.

Dans les trois catégories de personnalité restantes, « l’ouverture » tendait aussi à réduire l’expression de gènes anti-inflammatoires, et la « névrose » et le « fait d’être agréable » n’étaient pas associés à une expression de gènes. La recherche a conclu que les mécanismes biologiques de ces associations avaient besoin d’être explorés dans de futures recherches, ces nouvelles données pouvant avoir éclairé d’un jour nouveau les associations épidémiologiques entre la personnalité, la santé physique et la longévité.