Si les hommes ont du mal à entendre les femmes lors de réunions ou de conversations domestiques – les voix féminines seraient trop aigües pour leur ouïe – ils n’ont aucun mal à entendre les manifestations du plaisir féminin. Afin de mieux comprendre, il est intéressant d’observer le comportement des singes. Selon le primatologue anglais Stuart Semple, chez les babouins, par exemple, les mâles écoutent à distance les cris des femelles afin d’obtenir des informations quant à la possibilité de les féconder et d’avoir connaissance du rang du partenaire avec qui elle copule (s’il est plus puissant, le babouin évite la potentielle partenaire). Selon les espèces de primates, plus ils vivent dans la promiscuité, plus sophistiquée et fréquente est la variété de sons émis par les femelles, qu’il s’agisse d’espèces monogames ou polygames. Les sons sont comme un langage que le mâle peut interpréter.

Plutôt que de choisir un camp d’interprétation ou un autre, il serait sans doute raisonnable de dire que la femme gémit à la fois pour les raisons de nature, similaires à celles des primates (il est avéré aujourd’hui, par exemple, que le nombre des spermatozoïdes est plus élevé chez les hommes s’il y a compétition au sein d’un groupe), que pour des raisons culturelles. Depuis des siècles, l’État, l’Église et la science dictent ce que doivent être les comportements sexuels féminins, c’est à dire partout sauf là où le plaisir lui semble bon. Au point qu’un grand nombre de femmes aujourd’hui ne sait même dire si elles ont réellement des orgasmes, ou non. Outre les raisons précitées, crier à ceci de bon que cela libère, concentre sur l’acte, augmente le plaisir et, un peu comme avec la méthode Coué, persuade les deux partenaires d’une jouissance parfaite, si besoin était. D’un « orgasme placebo », un autre peut suivre, sans effort.

Crier, c’est libérer les émotions. N’est-ce pas un plaisir intense, comme l’orgasme, justement ?