« LE BREAK FRAGILISE LA RELATION »

Pour Fabienne Kraemer, psychanalyste et auteure du livre « Je prends soin de mon couple » (Editions PUF), lorsqu’un couple décide de faire un break, « il s’agit de réinventer quelque chose ensemble ». Et aux détracteurs de la pause conjugale, ceux qui crient à la blague en pointant du doigt ceux qui n’auraient pas la force de décider entre « être ensemble » ou rompre, Fabienne Kreamer répond : « C’est tout sauf une solution de facilité. Le break fragilise la relation mais prouve une chose, c’est que le couple en difficulté va de l’avant et fait la démarche d’aller mieux. Il se donne toutes les chances. » Pour elle, la sensation de manque pendant un break, qui peut être vécue plus ou moins bien, est indispensable.

« LE BREAK DOIT VRAIMENT ÊTRE MARQUÉ PAR UNE SÉPARATION PHYSIQUE. »

CHACUN SES RÈGLES !

Le break  suppose de nombreux codes que chacun évalue différemment. « De notre côté, nous en avions parlé avant » explique Isabelle, 34 ans. « Nous ne devions pas aller voir ailleurs. Nous pouvions sortir avec nos amis, évidemment, mais les rencontres étaient proscrites. » Chez Mélanie et Grégoire, les règles étaient différentes. Le seul geste important était de se donner des nouvelles par texto de temps en temps. Pour Fabienne Kraemer, « la seule règle qui semble prévaloir est de ne pas rendre de comptes concernant l’intimité. Si on est en pause, on n’appelle pas l’autre pour lui dire ce qu’on fait ». Mettre de la distance. Assez pour prendre le temps de la réflexion, sans pour autant faire la fête tous les soirs. Mais une chose est sûre : « Le break doit vraiment être marqué par une séparation physique. C’est impossible de faire une pause en continuant à manger ou faire les lessives ensemble » analyse Fabienne Kraemer.

« IL NOUS ARRIVE DE NE PLUS NOUS DONNER DE NOUVELLES PENDANT UNE SEMAINE »

VERS UN INDIVIDUALISME DANS LE COUPLE ?

Un couple peut-il faire une pause sans s’en apercevoir ? « Il nous arrive de ne plus nous donner de nouvelles pendant une semaine », confient Sarah et Victor, 33 ans, qui ne vivent pas ensemble. « Entre le boulot, les amis, ça nous permet parfois de nous recentrer sur nous même. L’autre ne doit pas le prendre pour lui, mais doit surtout voir ça comme un souffle dans le couple ». Pour Fabienne Kraemer, il y a un risque de banalisation du break. « La frontière entre « est-ce qu’on est ensemble ou non » est de plus en mince » affirme-t-elle. « Et, paradoxalement, se développe une sorte d’individualisme dans le couple qui fait que l’on veut se retrouver seul sans pour autant rompre ». Quoi qu’il en soit, lorsqu’un problème surgit dans le couple, il faut savoir s’accorder le temps de la réflexion. Et pourquoi pas, faire un break avec vos habitudes…

*Tous les prénoms ont été modifiés.