Si certains d’entre nous font abstraction de ses effets néfastes sur la santé, de nombreux spécialistes mettent en garde contre les méfaits du sucre, notamment pour les enfants. Dans une vidéo publiée par l’Obs en 2018, la diététicienne et nutritionniste Magali Walkowicz le compare même à de “l’alcool” pour les enfants. Retour sur ces propos chocs qui poussent à réfléchir à la composition de nos assiettes.

Si une consommation de sucre modérée est acceptable, son origine en revanche devrait pousser à la réflexion. Et pour cause, les produits transformés et ultra-transformés en sont déjà très riches. Biscuits industriels, viennoiseries, bonbons, les enfants et même les adultes optent volontiers pour ces gourmandises qui font du bien au moral. Mais qu’en est-il de leur impact sur la santé ?

Une consommation excessive de sucre, quels risques ?

Pour Magali Walkowicz, auteur de l’ouvrage “P’tits déj’ et goûters pauvres en sucres, recettes d’une diététicienne pour libérer vos enfants du sucre”, les parents doivent se montrer attentifs vis-à-vis des habitudes alimentaires des enfants. Et pour cause, la spécialiste qui met en garde contre la composition des gâteaux industriels estime que les plus jeunes peuvent consommer jusqu’à 300 grammes de sucre par jour, soit l’équivalent de 60 morceaux de sucre. Un ingrédient dont les risques pour la santé sont souvent mis en exergue.

Ainsi, elle met en avant six problèmes dont ces derniers peuvent souffrir dans un épisode de « Derrière l’étiquette », un rendez-vous proposé par l’Obs au cours duquel des spécialistes passent au crible des produits de consommation courante. Parmi les troubles pointés du doigt: les caries, l’hypoglycémie réactive, l’hyperactivité, la prise de poids, le diabète de type 2 ou encore la pré-cirrhose. Cette dernière condition toucheraient 3 à 11% des enfants, selon Magali Walkowicz qui révèle qu’il s’agit d’une maladie affectant “essentiellement les adultes alcooliques”.

Le sucre, l’alcool des enfants ?

“En quelque sorte, le sucre, c’est l’alcool des enfants”, résume la diététicienne qui pointe du doigt son effet sur le foie. Un avis partagé par Robert Lustig, endocrinologue pédiatrique à l’université de Californie à San Francisco qui expliquait en 2017 dans un article du Guardian que ce dernier affecte considérablement l’organe émonctoire et le cerveau des enfants lorsqu’il est consommé à outrance et de manière chronique.

Lors du Paris Nash symposium qui s’est déroulé à l’Institut Pasteur en 2016, relayé par un article de RTBF, 250 hépatologues français et américains s’étaient réunis et avaient tiré la sonnette d’alarme car ils voyaient apparaître chez les enfants “exposés de manière exponentielle aux sucres et à l’obésité des pré-cirrhoses du foie avec lésions cellulaires”.

Les spécialistes avaient appelé à renverser cette tendance rapidement. D’autant plus qu’elle semblait progresser parallèlement à l’augmentation du diabète, du surpoids et de l’obésité dans le monde, trois facteurs considérés à risque dans le développement d’une stéatose précoce, en plus d’un facteur génétique identifié entre jumeaux ou chez les parents d’enfants atteints d’obésité.

Le professeur Lawrence Serfaty, organisateur du congrès et hépatologue à l’hôpital Saint-Antoine avait ainsi appelé à “renforcer l’information et la prévention des risques de stéatose métabolique auprès des enfants et de leurs parents”.

consommation sucre
La consommation excessive de sucre nuit à la santé des enfants  – Source : Ignis Natura

Les enfants consomment-ils trop de sucre ?

Selon un rapport de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) publié le 25 juin 2019, les enfants absorbent beaucoup trop de sucres, une consommation excessive pouvant augmenter les risques pour leur santé. Biscuits, bonbons, gâteaux, sodas, sirop...ces apports sont jugés “préoccupants” par l’agence qui explique que l’enfance et l’adolescence sont des périodes cruciales pour acquérir de bonnes ou de mauvaises habitudes alimentaires. Ces dernières pouvant être conservées à l’âge adulte et favoriser par la même occasion le diabète et l’obésité.

Ainsi, ce serait “75 % des 4-7 ans, 60 % des 8-12 ans et 25 % des 13-17 ans » qui consommeraient du sucre en excès. Irène Margaritis, professeur et cheffe de l’unité d’évaluation des risques liés à la nutrition de l’Anses alerte par ailleurs quant à “certains produits trop sucrés pris hors du rayon bébé” qui seraient administrés à l’enfant avant même ses 4 ans. Elle déconseille par la même occasion d’utiliser les sucreries comme une récompense.

L’agence appelle en outre à éviter les goûters à base d’aliments trop riches, considérant que cette étape n’est pas indispensable en plus des trois repas quotidiens. Elle ne serait ainsi recommandée qu’en cas de faim, en limitant les pâtisseries, gâteaux, boissons sucrées, biscuits et jus de fruits. Elle note également que ces derniers ne remplacent pas “la portion de fruits” recommandée et c’est “au maximum un verre par jour et pas tous les jours”, déclare le Pr Margaritis.

Privilégier le fait-maison

Si ces observations peuvent sembler quelque peu alarmistes, rassurez-vous, il n’est pas question de mettre complètement fin à la consommation de sucre chez les enfants ni d’instaurer des mesures drastiques. En revanche, il peut s’avérer salutaire de faire preuve de modération et de choisir les meilleurs produits pour les plus jeunes puisque ce sont les notions qu’on leur inculque à cet âge qu’ils risquent de perpétuer en étant adultes.

Dans ce sens, Magali Walkowicz recommande de limiter les produits industriels et de privilégier les plats et en-cas préparés chez soi. Protéines, bonnes graisses, fruits entiers au lieu du jus, gâteaux fait-maison avec de la farine d’amande… “Au final, vous seriez étonné de voir que ces solutions-là ne coûtent pas forcément plus cher » conclut la diététicienne. Il existe même des recettes qui joignent l’utile à l’agréable, à l’instar de ce délicieux gâteau à la banane, sans sucre et sans farine.

Toutefois, il est important de ne pas opérer de changement brutal dans les habitudes alimentaires des enfants mais plutôt de les habituer peu à peu à découvrir des saveurs moins sucrées pour adapter leur palais.