Le couple reste la norme
Isabelle a 37 ans. Elle est aujourd’hui seule et sans enfant. « Lors des réunions familiales, je génère de l’indifférence ou de la gêne. Au travail, j’essuie toutes sortes de remarques. Auparavant, cela me faisait bondir. Maintenant, j’essaye de me détacher de ce miroir qu’ils projettent sur moi et qui n’est en rien mon reflet. » Aujourd’hui encore, on continue d’attendre du célibataire qu’il trouve un jour sa moitié.
Si possible avant d’avoir atteint la trentaine, décennie fatidique pour tous ceux qui ne sont pas encore « casés ». Quant aux quadras et quinquagénaires séparés, il leur revient de tourner rapidement la page et de retrouver quelqu’un sans tarder. « La pression est en fait beaucoup plus insidieuse, explique Florence Maillochon, sociologue et chargée de recherche à l’Ined. Nous sommes élevés dans une idéologie très libre, régie par le culte de l’individualisme. Il n’y a plus d’obligation à former une famille traditionnelle. Mais l’incitation à être en couple demeure très lourde. »
Médias, publicités, sites de rencontre… Partout, c’est l’apologie du couple, qui, dans notre société soi-disant décomplexée, reste la règle. C’est un signe de socialisation et, il faut l’avouer, une façon de se rendre l’existence plus confortable : pour affronter la vie et ses épreuves, pour acheter une maison, partir en voyage, ou tout simplement, aller à l’hôtel, mieux vaut être deux. Dans un monde où tout est conçu pour les couples, « il est difficile d’être seul, ajoute Jean-Michel Hirt, psychanalyste. Beaucoup de gens sont convaincus, et je crois, à juste titre, que la grande aventure d’une vie est une histoire d’amour. C’est ce qui est le plus exaltant. »