La procrastination, un signe de créativité ? C’est en tout cas ce qu’assure Adam Grant, un psychologue et professeur américain. Interviewé récemment par la BBC Radio 4, l’homme a ainsi expliqué qu’en remettant certaines choses à plus tard, on laisse notre esprit vagabonder. Se faisant, les idées conventionnelles qui nous viennent facilement sont peu à peu remplacées par des idées beaucoup plus innovantes. Adam Grant a commencé à s’intéresser à cette possibilité lorsque l’une de ses plus brillantes étudiantes lui a avoué que c’est après quelques heures de procrastination qu’elle devenait plus créative. Devenue elle-même professeure à l’Université du Wisconsin, Jihae Shin a mené deux enquêtes sur le sujet au sein de deux entreprises. Elle s’est alors rendu compte que son cas n’était pas isolé puisque ce sont les employés qui avaient tendance à repousser l’échéance qui faisaient ensuite preuve d’une plus grande inventivité.
Pour avoir un appui scientifique, la jeune femme a ensuite décidé de mener une étude sur un groupe de personnes choisies. Elle leur a demandé de soumettre des idées de business plan, mais pas dans les mêmes conditions. Certains ont ainsi été invités à jouer au Démineur ou au Solitaire durant cinq minutes avant de faire des propositions. Résultat ? Leurs idées étaient en moyenne 28% plus créatives que celles des autres participants.
Les plus grands de ce monde, des procrastinateurs ?
A en croire Adam Grant, remettre les choses à plus tard ne serait donc pas si nocif que ça, mieux cela aurait permis de faire entrer certaines personnes dans l’Histoire, à l’instar d’Abraham Lincoln, de Martin Luther King ou encore de Leonard De Vinci. Il a ainsi indiqué à la BBC Radio 4 :
« Les plus grands discours ont été écrits à la dernière minute parce que cela permet d’avoir plus de flexibilité une fois que vous êtes sur scène. Cette improvisation est impossible lorsque vous écrivez quelque chose plusieurs mois à l’avance. Et si vous prenez Leonard De Vinci, vous voyez qu’il a travaillé sur le portrait de Mona Lisa durant 16 ans. Il avait l’impression d’être un raté parce qu’il se laissait constamment divertir par ce qui se passait autour de lui. Il l’a même écrit dans son journal. Mais ce qu’il ne réalisait pas à ce moment-là, c’est que certaines de ces diversions, comme les expériences optiques, ont changé sa façon de modelé la lumière et en fin de compte, ont permis de faire de lui un meilleur peintre ».
La procrastination, meilleure alliée des génies créatifs ? Le psychologue tempère. D’autres études ont en effet démontré que tout faire à la dernière minute poussait les gens à aller trop vite et à aller vers la facilité plutôt que la créativité. Procrastiner oui, mais avec modération.