Le désir de la fille d’être elle-même, et la nostalgie de la mère

Bethany Webster a synthétisé ce processus d’une manière plus que pertinente. Dans son texte, on peut comprendre quels sont les points d’ancrage permettant d’entamer ce processus.

Il s’agit d’un dilemme pour les filles élevées dans le patriarcat. Le désir d’être elles-mêmes et le désir que l’on s’occupe d’elles deviennent des besoins qui rivalisent entre eux, si bien qu’elles se voient obligés d’en choisir un parmi les deux.

Il en est ainsi car la prise de pouvoir de la fille est limité, dans la mesure où sa mère a intériorisé les croyances patriarcales et attend d’elle qu’elle en fasse de même, qu’elle les applique et qu’elle les respecte.

La pression que peut mettre une mère à sa fille pour qu’elle ne mène pas la vie qu’elle entend dépend principalement de deux facteurs :

1) Le degré d’intériorisation, chez la mère, des croyances patriarcales limitantes.

2) La portée des manques qu’elle ressent, découlant du divorce forcé d’avec son «moi» véritable».

Ces deux éléments amputent la capacité de la mère à encourager sa fille à vivre la vie qu’elle veut vivre.

Pour la fille, retrouver son «moi» véritable et devenir la personne qu’elle est vraiment au fond d’elle, cela peut parfois coûter cher, et implique un certain degré de «rupture» avec la lignée maternelle.

Lorsqu’il en va ainsi, les liens patriarcaux se détachent de la lignée maternelle, ce qui est essentiel si l’on veut mener une vie adulte saine et puissante. Généralement, cela se traduit par une certaine forme de souffrance ou de conflit avec la mère.

Les ruptures avec la lignée maternelle peuvent prendre diverses formes : des conflits et des désaccords jusqu’à la distanciation et au déracinement.

C’est un voyage personnel, qui de plus diffère pour chaque femme. Fondamentalement, la rupture est nécessaire à la transformation et à la guérison.

Elle fait partie de l’impulsion évolutive de l’éveil féminin, permettant à la femme de prendre le pouvoir avec plus de conscience.

C’est la naissance de la «mère non patriarcale» et le début de la vraie liberté ainsi que de l’individualisation.


Le prix à payer pour être soi-même n’est jamais aussi élevé que le prix à payer pour rester un faux «moi».


D’une part, dans les relations mères/filles plus saines, la rupture peut provoquer un conflit, mais en réalité, cela permet de renforcer le lien et de le rendre plus authentique.

D’autre part, dans les relations mères/filles agressives et moins saines, la rupture peut déclencher des blessures encore béantes chez la mère, et la mener alors à s’attaquer à sa fille ou à la rejeter.