Le premier jour, Stéphane arrive en costume-cravate

Aujourd’hui, à 43 ans, j’ai trois salariés. Je viens de racheter les locaux de mon agence à Biarritz. Et je ne compte pas en rester là. Après un BTS dans les assurances, à 21 ans, j’ai tout de suite commencé à travailler. Puis j’ai gravi tous les échelons. Très vite j’ai géré une grosse agence à Bordeaux. Des inspecteurs de la compagnie me repèrent et me disent : « Toi tu vas passer les tests pour être agent général. »

Côté coeur, en revanche, rien ne se passe comme prévu. Pendant ces années je bosse beaucoup. Priorité à ma carrière. Mais je sors quand même pas mal.

Un jour, mon gynéco m’annonce : «Vous ne pourrez pas avoir d’enfants. » Je réponds du tac au tac : « En voilà une bonne nouvelle ! » J’arrête la pilule. Deux ans plus tard, je me retrouve enceinte. Je n’y crois pas. Test. Et re-test. C’est pourtant vrai. Et tellement incroyable que je décide de garder le bébé. C’est une fille. On l’appelle Océane. Le père est aussi heureux que moi. Il veut qu’on se marie. Un an après la naissance, je dis oui. Ce n’était pas une bonne idée. Nous nous séparons. Ma fille, je l’adore. Je l’élève seule. J’ai des amoureux qui passent. Mais aucun ne s’installe. Je ne veux pas d’autre enfant. Avec mon agence, je cours toute la journée. Entre la crèche, les clients, les relances… je suis un peu débordée.

On me propose de prendre en stage un étudiant bac + 5 en finances. Je me dis :« Pourquoi pas ? il va nous aider dans l’organisation. » Le premier jour, Stéphane arrive en costume-cravate. Il est très beau. Un peu grande gueule. Très efficace. Tout de suite, le courant passe. Lorsqu’on déjeune ensemble, avec l’équipe, je suis surprise par sa maturité. Il n’a que 24 ans, et pourtant, il a des idées originales sur tout. Je sens à certains signes que, sexuellement, je ne lui suis pas indifférente. Il est intimidé quand il me parle, il rougit… Depuis trois mois, je ne sors avec personne. Mais j’arrête vite mon cinéma. Je me dis qu’à mon âge je suis ridicule, qu’il pourrait passer une soirée avec moi ­ le fantasme de coucher avec la chef ­, mais que cela ne durerait pas. D’ailleurs, il m’appelle « patronne ». Un signe, non ?

 

Les deux mois passent comme un éclair. Le dernier jour, je dois faire un aller-retour à Paris. Je vais rentrer tard et j’ai peur de ne plus avoir de taxi à la gare. Tout à coup, il lance : « Vous en faites pas, patronne, je viendrai vous chercher ! » C’est une magnifique soirée d’été, je l’invite à prendre un verre. Puis on se promène sur la plage. Et comme je le taquine, il me prend dans ses bras et me jette dans les vagues. Cela finit en bagarre amoureuse. On passe ensemble une nuit extraordinaire.