« Ce que pensent les autres il s’en contrefout »

Pour la financer, il vend son appart. Il veut aussi voir grandir sa fille. Le calcul est vite fait. Il gagne beaucoup moins que moi. A la banque, son boulot ne le passionne pas. Il demande un congé parental de trois ans. Avec le prix de la nounou, on est largement gagnants. Moi, cela ne me déplaît pas. D’abord parce que j’aime l’idée d’apporter « la pitance ». Mais surtout parce que ce n’est pas un feignant.

Je ne supporterai pas qu’il fasse la sieste pendant que je suis au boulot. Ce n’est pas le cas. Le matin, je pars à 8 heures, lui, il donne les biberons, fait les courses… A la crèche, à la maternelle, les instits s’adressent à lui comme s’il était la mère des enfants. En même temps, il retape entièrement la maison. La plomberie, l’électricité, il apprend tout sur Internet. Il m’épate.

Rebelote avec notre deuxième enfant, Jules. Nouveau congé parental de trois ans. On revend la maison pour une autre, plus grande. A tous nos voisins, il dit : « Moi je suis la femme à la maison. » Il n’a aucun problème avec sa virilité. Il fait du sport, sort avec ses copains, il est heureux, et ce que pensent les autres il s’en contrefout. Tous les deux, nous avons eu des parents soixante-huitards, engagés en politique, très bobos, qui nous ont appris à casser les codes. D’ailleurs, je trouve que tout a changé, même en province. Et ses copains l’envient plutôt.