Avant : on arrivait à l’heure grâce sa Casio.

Mais ça, seuls les vétérans de la hype le savent. Vue sur tous les poignets, la Casio s’est finalement vue détrônée par n’importe quelle montre en plastique au bracelet coloré et étrange, sortie droit d’un magasin de jouets pour adultes attardés. Le hipster pur et dur a même assumé un temps la Flik-Flak.

Désormais on boude l’heure.

Et on arrive en retard pimpante, les poignets nus. Avec un nouvel accessoire, à la base de mauvais goût mais qui revient le vent en poupe : le collier en or avec notre nom dessus, comme celui de Carrie dans Sex & the City. Sauf que Sex & the City c’était en 98 ; dorénavant la hipstos girl choisira exprès un prénom qui n’est pas le sien et qui sonne comme celui de l’amie de sa grand-mère. Marie-Christine, par exemple. Le hipstos s’en verra ravit, et cela leur donnera à tous deux un véritable sujet de conversation qui rattrape amplement tout retard.

Avant : on l’immortalisait avec un Lomo.

Le Lomo nous permettait de donner un véritable style à notre couple, nos amis, notre chat, nos chaussures, nos fringues. Haut en couleurs, facile à utiliser, c’était l’accessoire idéal pour une roof party barbecue en centre ville. Avec un Lomo, on se sent beau.

Désormais, on ressort le vieil appareil photo du paternel.

Et si on galère à bien l’utiliser, ça nous rapproche du hipstos ciblé : attendri par nos airs de photographe en herbe, il nous aide. On dirait qu’à ses côtés, plus rien n’est impossible. Il arrive même à mettre correctement la pellicule.

Avant, on lui cuisinait des cupcakes de toutes les couleurs.

Puis lassée, on est passée au salé : chèvre-courgettes, tomates confites-basilic du balcon, lard-mimolette… Overdose de cupcakes dans la communauté hipster, c’est certain.

Désormais, on cuisine vintage.

Enfin, ça c’est ce qu’on lui dit pour donner une touche glamour à notre nouvelle phase « la cuisine de mamie ». Simple, équilibrée, délicieuse, elle saura éveiller ses papilles aux tendres souvenirs de l’enfance. De quoi émouvoir le hipstos avec un simple pain perdu. Et ça, c’est rare.