LE DÉLINQUANT SENTIMENTAL

La situation. Le spécimen paraît un peu spécial : énigmatique, lunatique, érotique… Et ça vous plaît. Vous succombez à cet apôtre sans vous faire prier. Vous aimez les sensations fortes ? Vous êtes servie : un jour, il vous adore, le lendemain, il vous abhorre. Le tout avec un certain talent : louanges, reproches, indifférence, empire des sens… Ce seigneur météo souffle alternativement le chaud et le froid. De votre côté, vous culpabilisez, persuadée de mériter ce traitement de choc. Résultat : vous êtes au bout du rouleau, et pas au bout de vos peines.

Le salut. Mettez-vous en vacances du pouvoir qu’il exerce sur vous. Autrement dit : entrez en détox ! Comment ? Trouvez un moyen de vous éloigner quelques jours de ce poison, et, concomitamment, rapprochez-vous d’un garçon très gentil. Normalement, le déclic se fait et le sevrage opère… Avec un peu de distance, vous recouvrerez votre lucidité : ce schizophrène de l’amour nuit gravement à votre santé mentale. Le risque ? Replonger. Reste alors à s’inscrire aux amoureuses anonymes : « Bonjour, je m’appelle X., et je sors avec un con. » En le disant, ça va déjà mieux…

LE PORTÉ DISPARU

La situation. Attention, il y a pandémie ! Depuis quelque temps, un étrange virus attaque la zone du coeur : subrepticement, l’homme idéal devient l’homme invisible. Le scénario ? Vous l’avez rencontré il y a quelques jours (le syndrome a la politesse d’apparaître assez vite), il vous emballe, et l’affaire s’emballe : coup de fil, coup de chaud, coup de foudre. C’est comme au cinéma… Mais le héros disparaît au début du film – que vous vous étiez fait. Rien à voir avec du Marc Levy, il n’est pas devenu un fantôme. Juste un lâche…

Le salut. Le premier jour sans nouvelles, vous prenez sur vous, pas question d’être collante. Le deuxième, vous envoyez un texto, sympa : « Pensées… » Le troisième, vous laissez un message sur son portable, déjà beaucoup moins sympathique. Le quatrième, inquiète, vous appelez tous les hôpitaux de la ville. Le cinquième, vous lui envoyez un mail d’injures. Le sixième, silence et dignité, vous sombrez dans le chablis… Evidemment, le plus simple serait de tourner vite la page. Mais ce n’est pas possible sans un acte symbolique. Crever ses pneus ? Non, taguez sur Facebook une photo de lui, ainsi commentée : « Son oiseau se cache pour jouir. »

LE BONIMENTEUR

La situation. Il raconte si bien votre histoire que vous y croyez dur comme fer. Ce beau phraseur, souvent commercial ou prof d’art dramatique, met de jolis mots sur vos illusions les plus folles : bien sûr qu’il vous aime, qu’il veut vivre avec vous et qu’il désire un enfant… « Mais pas cette année », dit-il. Depuis 2003 ! C’est vrai qu’il n’est pas tout à fait divorcé de sa femme, qu’il ne veut pas perturber les études de son fils (actuellement en 5e, pourvu qu’il ne fasse pas médecine !), et que le marché immobilier n’est pas fluide. Mais, tout de même, vous perdez patience…

Le salut. L’ultimatum. C’est moche, mais efficace. N’oubliez pas qu’il n’y a pas d’amour, mais que des preuves d’amour… Alors, si, d’ici à la fin juin, Don Juan n’a pas prévenu sa femme qu’il allait y avoir comme du changement dans l’air, quittez-le, sans oublier auparavant de prévenir ladite épouse de votre existence. Ah ? C’est exactement ce que vous avez fait en 2005 ? Et en 2007 ? C’est clair, vous l’avez dans la peau, vous êtes foutue… A moins de prendre conscience que le type en question demeure tout à fait étranger à cette situation : le problème, c’est vous. Zou, chez le psy ! A vos amours…