Le fantasme de ne faire qu’un

Il y a aussi dans l’état amoureux une force obscure qui pousse au dévoilement total, à la mise à nu. L’autre ne doit rien ignorer de moi et je dois tout savoir de lui. C’est le fantasme de la fusion : en amour, un plus un égale un ! En l’autre, je retrouve ma partie manquante.

Le sexe donne à ce fantasme une consistance toute particulière. Pour des raisons anatomiques évidentes, le coït nous amène effectivement à ne faire qu’un, éliminant, ne serait-ce que temporairement, la sensation d’incomplétude qui si souvent nous étreint. La puissance de ce fantasme fusionnel au cœur de la sexualité conduit parfois à censurer nos désirs réels au profit de scénarios qui plaisent surtout à l’aimé.

D’où « ces femmes qui, par amour, acceptent l’échangisme, explique le sexothérapeute et psychothérapeute Alain Héril, ces couples qui glissent dans les relations sadomasochistes que seul l’un des deux désire. Ce sont aussi des mots, des positions ou des caresses que l’on n’accepte que pour garder l’autre ».

Mais ce qui nous attache le plus, c’est la révélation d’un plaisir inouï, inconnu auparavant, qui installe l’aimé en position d’inégalable maître en érotisme. Difficile alors de s’affranchir d’une emprise aussi délicieusement puissante.