Cela commence parfois de manière anodine, par quelques questions appuyées après une soirée ou des SMS trop nombreux, et peut se transformer en cauchemar pour celui ou celle qui en est victime: comment gérer la jalousie de son ou sa partenaire?

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Lorsque ses collègues lui proposent d’aller boire un verre à la sortie du boulot, Clémence, 32 ans, n’accepte quasiment jamais. Pas par manque d’envie, confie la jeune femme, mais par peur de la réaction de Vincent, son compagnon depuis cinq ans, « aimant, mais jaloux« . « Il ne m’interdit rien, mais si je sors sans lui, je sais que je vais ensuite subir un interrogatoire pendant une heure, qu’il va se faire des films, me soupçonner d’avoir voulu séduire untel, etc ». Pour avoir la paix, Clémence fait donc en sorte « de ne pas alimenter sa jalousie ». Au risque, admet-elle, de se priver « de plus en plus souvent de certains plaisirs pourtant innocents ».

Une stratégie qui ne porte pourtant pas vraiment ses fruits: « J’ai l’impression que cela ne fait qu’empirer, il fouille désormais mon portable dès que j’ai le dos tourné, se ferme comme une huître si je souris au serveur du resto et passe son temps à redouter que je le quitte pour un autre », déplore Clémence. Comment gérer un conjoint atteint comme Vincent de jalousie prononcée? Comment faire la différence entre ce qui relève de l’amour et ce qui petit à petit s’apparente à un sentiment de possession envahissant et dangereux ?

Jalousie normale versus jalousie maladive

« La jalousie est à mon sens indispensable dans la structuration d’un couple. C’est une réaction qui prouve que l’on tient à l’autre, le signe que le lien importe et que l’on n’a pas envie de le partager. Mais une jalousie « normale » s’efface devant le bien être de l’autre », décrypte Violaine-Patricia Galbert, thérapeute de couple. Là où elle devient maladive ou pathologique, c’est lorsque du sentiment d’appartenance on passe à celui de possession. « De sujet, l’autre devient chose et la réalité est réinterprêtée à l’aune de cette possessivité: ma femme a mis de jolis bas, c’est parce qu’elle convoite son patron, il a cinq minutes de retard, c’est parce qu’il est avec une autre, etc », ajoute-t-elle. Autrement dit, développe Violaine-Patricia Galbert, « la jalousie maladive, qui touche autant les hommes que les femmes, implique un contrôle du conjoint, son isolement, voire descontraintes physiques, lorsqu’il souhaite mettre fin à la relation ».

Cédric a vécu cela avec son ancienne amie: « elle avait toujours été un peu ‘too much’, multipliant les sms, m’appelant plusieurs fois par jour sur mon lieu de travail. Au départ, je ne me suis pas vraiment méfié. Mais au bout de deux ans, j’ai réalisé que je ne voyais plus mes amis, que je faisais attention aux mails que j’envoyais parce que je me doutais qu’elle avait mes codes d’accès. Lorsque j’ai décidé de me séparer d’elle, j’ai vécu un véritable harcèlement. Il m’a fallu la menacer de porter plainte pour qu’elle cesse ».