Pourquoi nos horloges sexuelles ne sont pas forcément synchro, même quand on s’aime ? Les couples vivraient plus heureux et plus longtemps si leur désir s’accordait en temps et en heure avec leurs humeurs et leur libido.Le sexologue Alain Héril nous explique pourquoi Gégé n’a pas forcément envie en même temps que nous, ni forcément envie de recommencer…
Qu’est-ce que le désir ?
Alain Héril* : Généralement le désir est tout ce qui précède l’acte sexuel, ce qui met en appétit. Cela comprend principalement les fantasmes et les projections que l’on fait sur l’autre. C’est la manière d’entretenir la possibilité de la sexualité. Le désir est le préliminaire des préliminaires. On le ressent de manière corporelle mais le premier organe de désir d’un homme ou d’une femme c’est le cerveau. C’est pourquoi quelqu’un de dépressif ne ressent pas ou peu de désir sexuel.
On croit souvent que le désir des hommes est lié au corps, tandis que le désir sexuel féminin serait plus « cérébral ». Est-ce vrai ?
A. H. : Pas vraiment. La différence entre les hommes et les femmes se situe au niveau du scénario qu’on imagine. Dans les deux cas tout part du cerveau mais le désir ne se construit pas à partir des mêmes bases cérébrales. Chez l’homme le désir est déclenché par les zones archaïques du cerveau, celles de l’instinct et du réflexe. L’idée en arrière-plan qui est toujours présente est celle de la procréation. La sexualité est liée à la continuation de l’espèce, soit une donnée instinctive. Chez la femme c’est la partie des émotions qui est convoquée. Le déclenchement du désir vient du système limbique, c’est-à-dire que la femme a besoin de stimulations émotionnelles pour ressentir du désir.
Le désir masculin a donc bel et bien une dimension plus explicite, plus directe ?
A. H. : Oui il passe par la projection d’images directement sexuelles, alors que pour les femmes, une ambiance, un scénario ou une situation agréable peuvent déclencher le désir. Il est donc moins lié à des choses directement sexuelles.