Pour leur projet de fin d’études, cinq étudiants toulousains de l’Ecole supérieure des métiers artististiques ont décidé de sensibiliser au harcèlement de rue avec humour et légèreté. Pour cela, ils ont créé un court-métrage animé baptisé Hé Mademoiselle. Une séquence qui a tout bon !
Le harcèlement de rue est un fléau universel. Nous le constatons régulièrement à travers des campagnes de sensibilisation ou même des caméras cachées montrant le comportement des hommes. Aujourd’hui, cette problématique revient de plein fouet dans l’actualité grâce à Léa Parker, Claire Bataille, Victor Dulon, Pierre Herzig et Gael Lang, cinq étudiants de l’ESMA(Ecole supérieure des métiers artististiques) de Toulouse. Pour leur projet de fin d’études, ces derniers ont décidé de créer un court-métrage dénonçant le harcèlement de rue. Intitulé Hé Mademoiselle, il reprend le thème de la comédie musicale avec une bonne dose d’humour. Et bien que cela soit un court-métrage fictif, les répliques que l’on peut y entendre sont bien réelles. En effet, elles sont tirées des expériences personnelles des créateurs, ainsi que de certains témoignages lus sur les Tumblr Paye ta shneck ou Harcèlement de rue.
Ainsi, dans la vidéo de 5 minutes, on peut voir Zoé, une jeune femme rousse aux yeux verts vêtue d’un top blanc et d’une jupe jaune se promener dans les rues de Paris. Malheureusement, l’héroïne ne va pas pourvoir profiter de cette belle journée ensoleillée comme elle l’aurait voulu. En effet, elle se fait tout d’abord siffler par un policier qui verbalisait une voiture. Alors qu’elle garde son calme et poursuit son chemin, ce sont deux agents de travaux qui l’interpellent à coup de « T’es trop bonne » et de « Quand tu balances ton train arrière, ça me fait l’effet d’un coup de taser ». La classe incarnée ! Alors qu’elle se contient, c’est à présent au tour d’un jeune marié de l’accoster… Mais finalement, un autre homme vient s’interposer. Et alors que l’on pense que le harcèlement va s’arrêter, on peut entendre : « Tu es saine et sauve ma jolie biche, mais soyons francs, ta jupe aguiche ». Et il demande même un « geste » en remerciement. Rien que ça ! Puis tous ces hommes se mettent à la suivre dans la rue avant qu’elle ne décide de les remettre à leur place pour de bon. Zoé finit par rentrer chez elle et lorsqu’on lui demande comment était sa journée, elle répond simplement : « La routine ». Une chute qui montre cruellement que le harcèlement de rue fait partie intégrante de la vie des femmes et qu’elles s’y habituent malgré tout.
« Cette thématique nous touchait et nous intéressait car les deux filles de l’équipe subissaient tous les jours ce type de comportement », a expliqué Victor Dulon au Figaro. « C’est un thème méconnu, discrédité même ! ll y a beaucoup de gens qui pensent qu’on devrait être contentes de se faire siffler dans la rue… Mais quand on est une femme et qu’on subit ça en permanence ce n’est plus un compliment ! C’est dégradant », a de son côté affirmé Léa Parker à France Bleu. Et une chose est sûre, le but recherché a été atteint. En quelques jours, Hé Mademoiselle est devenu un véritable phénomène même s’il n’a pas été apprécié de tous. « Au cours de la première journée, les réactions ont été très violentes, nous avons reçu beaucoup de messages d’insultes » a déclaré Victor Dulon en expliquant qu’on leur avait fait beaucoup de reproches sur le manque de diversité des personnages, la représentation de la femme, l’association de tous les hommes à ce type de comportement. « Ce sujet touche la corde sensible de la relation entre les hommes et les femmes, des inconnus qui vivent dans le même espace public de la ville. Les réactions ont donc pu être à fleur de peau. Mais c’est aussi la preuve que notre film n’est pas tiède, qu’il a amené un débat salvateur », a-t-il conclu.