Les violences au sein d’un couple peuvent aussi être « invisibles », psychologiques. Un versant que l’on a tendance à oublier et minimiser et qui a pourtant détruit Hélène Montel, mariée à un pervers narcissique dont elle a subi les violences au quotidien pendant 20 ans.

« J’avais le devoir moral de raconter mon histoire, il fallait que je communique, que je prévienne les autres victimes« . En publiant son ouvrage Détruite, j’ai épousé un pervers narcissique (éd. l’Archipel), Hélène Montel* espère que d’autres personnes dans sa situation auront un déclic qui leur permettra de se sortir de la situation infernal qu’elle a connu pendant 20 ans avec son mari Dominique.
Pendant 20 ans, elle a subi une véritable violence psychologique qui l’a anéantie à petit feu et que son divorce n’a fait qu’empirer. « J’ai mis beaucoup de temps à réaliser. Jusqu’à son départ en 2008, j’avais relativisé ses agissements, je culpabilisais, je le protégeais…« , nous confie-t-elle.

​A l’extérieur, son conjoint pouvait apparaître comme un homme bien sous tous rapports mais une fois à la maison, il était violent, psychologiquement mais aussi physiquement. « Ça a failli déraper plus d’une fois. Il me jetait des choses, tapait à quelques centimètres de mon visage sans me toucher… Un jour, la présence de ma fille l’a stoppé mais je sais qu’il allait me frapper. »

« J’ai dû me justifier pour tout, en permanence »

« Son but était de me faire passer pour folle à travers des crasses au quotidien, nous raconte-t-elle. Des petites choses débiles comme le fait de ne pas acheter les fruits que j’avais demandé pour un dîner, de me dire que je ne lui avais jamais donné les bonnes consignes et, une fois devant nos invités quand j’étais à bout de nerfs, de passer pour la victime en s’excusant platement pour que moi, j’apparaisse comme une hystérique. »
« Le pervers narcissique manipule, ment, triche, et provoque la confusion chez sa victime. Quoi que vous disiez, vous avez faux. Il attaque votre confiance en vous, vous isole peu à peu, projette sur vous ses propres vices, transfert ses fautes sur vous. Vous devenez son faire-valoir, une chose dont le seul but est d’assouvir ses besoins à lui. Il vous lave le cerveau, exactement comme dans une secte. Son but ultime est de vous pousser au suicide. Si moi je n’ai jamais envisagé cette solution, je comprends que certaines personnes l’envisagent, pour en finir. »

​Après avoir subi la perversion de son mari, cette « violence souterraine », comme elle l’appelle, Hélène Montel a donc entamé une procédure de divorce mais celle-ci ne l’a pas libérée, loin de là. « La première année a été la pire. J’étais épuisée car j’ai dû batailler sur tous les fronts à cause de lui, notamment pour les enfants. Même si lui n’a jamais voulu la garde exclusive de nos filles, il a tout fait pour que je la perde en accumulant les preuves que je les négligeais. Alors qu’elles ont eu des poux, comme tous les enfants à un moment de l’année, il m’a accusée auprès du juge de ne pas les avoir traitées. C’était faux, ça n’avait juste pas marché, mais j’ai dû aller voir une dermatologue pour qu’elle me prescrive un shampoing, que j’aie cette ordonnance pour preuve s’il ne fonctionnait pas. C’était infernal. Une simple tache sur un t-shirt et il criait à la négligence. Il m’a fait subir un harcèlement constant. Cette période a été très éprouvante physiquement, psychologiquement et également au niveau financier. »

« Il y a un réel manque d’information et de formation »

Aujourd’hui, Hélène Montel va mieux, « j’ai repris la main sur les choses« , mais n’est pas libre pour autant. « On n’est pas véritablement divorcé d’un pervers narcissique tant que vos enfants n’ont pas 18 ans. » Grâce à une thérapie, elle a appris anticiper ses actions, à le contre-manipuler. « Face à lui, je suis un mur lisse. Je ne lui laisse plus aucune aspérité à laquelle s’accrocher. Avec le recul, je vois enfin son comportement comme celui d’un sale gosse, d’un gros bébé méchant. »
Si elle a tenu à partager de nombreuses anecdotes dans son livre, pour que d’autres reconnaissent peut-être une situation familière et comprennent que ça n’est pas normal, elle insiste toutefois sur un point : « On ne peut pas s’en sortir seul. Il faut en parler certes, car mettre des mots sur les choses, dire qu’on est victime, c’est une étape très importante, mais l’aide d’un psy, d’un coach, est indispensable.«