Candice préférait éviter les rapports de voisinages. Mais ça, c’était avant que le bel Hugo emménage au sixième ! 

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« Non ! T’as couché avec le voisin ! », hurlait mon amie Mel avec des yeux exorbités et pleins d’envie. « Désolée, mais je crois que oui », lui ai-je répondu avec un petit rire narquois. Bien que très mariée, elle n’aurait pas refusé de faire du « beau gosse du sixième » l’olive du Martini qu’elle était en train de touiller avant de la croquer. Elle l’avait repéré tout de suite. « T’es au courant que le sosie de Delahousse a emménagé juste en dessous de chez toi ? » m’avait-elle dit, surexcitée, en débarquant un soir. C’était il y a un an. A l’époque, je m’en foutais pas mal. Ce qui m’importait, c’était qu’il ait remplacé ce couple d’hystériques avec qui j’avais l’impression de vivre tellement ils beuglaient fort (que ce soit au lit ou en cassant des assiettes).

Puis je l’ai croisé, ledit Delahousse. Dans le hall. Dans les escaliers. Au local poubelles. Et j’ai tout de suite eu très envie de regarder le JT de France 2 ; même si c’était plutôt un Delahousse mixé aux Shaka Ponk que je voyais chaque jour devant les boîtes aux lettres. Il avait une allure nonchalante et cette beauté négligée dont on sait qu’elle est là, vraie et sans effort. Il semblait impertinent et à contre-courant de tout (y compris du coiffeur). Quel charme ! On sentait une virilité puissante et torturée, mais une fragilité tout en douceur… Bref, ce Delahousse rebelle et grungy me faisait un effet dingue.

MACHINE À FANTASMES

Pourtant, il n’était pas question de le laisser dépasser mon palier. C’était déjà assez compliqué avec les mecs qui habitaient dans la même ville que moi alors, dans le même immeuble, merci bien. Seulement, d’oeillades veloutées en sourires langoureux, on a commencé à se parler et inévitablement à se rapprocher. Il s’appelait Hugo, avait 36 ans et était le guitariste d’un groupe d’électro-pop. Un artiste… Je rêvassais sur mon sofa, les yeux au plafond, en me demandant ce qu’il pouvait bien faire, là, plus bas, juste en dessous de moi. La machine à fantasmes était lancée. Il pouvait nous arriver de discuter une heure devant la porte cochère ou parfois à son étage. Tous les sujets y passaient sauf, bien sûr, celui du couple et de notre situation respective. Nous laissions planer une délicieuse ambiguïté. Autant dire que c’était fini, les dimanches matin en jogging et cheveux gras pour aller chercher mon journal et mes chouquettes. Je passais désormais une heure dans la salle de bains, que j’aille bosser ou que je descende les poubelles. Je me surprenais à le guetter. Lorsqu’il sortait, je feignais un rendez-vous urgent. Et, oh, pouf, quelle surprise ! Hugo ! Il fallait bien forcer un peu le destin puisque nous le laissions faire. Ma stratégie ne fonctionnait pas du tout : il ne se passait strictement rien.