Le lendemain, je lui ai fait part de mes arrangements pour le divorce. Je lui ai dit que j’allais lui laisser la maison, la voiture et qu’elle pouvait avoir 30 % de mon entreprise. Elle jeta un coup d’œil sur les papiers que je lui ai tendus et les déchira ensuite. Tout à coup, elle éclata en sanglots devant moi.

Le jour d’après fut tout aussi mouvementé. J’étais tellement fatigué. Je suis donc rentré très tard ce soir-là. J’ai trouvé ma femme assise à table, en train d’écrire quelque chose. Je suis allé aussitôt me coucher.

Le lendemain matin, elle me fit part de ses conditions de divorce : Elle ne voulait rien de moi. Ni la maison, ni la voiture, ni l’entreprise. Sa seule requête était la suivante : Pendant tout un mois, je devais la porter chaque matin de notre chambre jusqu’au seuil de la porte, exactement comme je l’ai portée danq notre chambre nuptiale le jour de notre mariage. On devait tous les deux essayer de vivre une vie normale durant ce mois-là. Sa raison : Notre fils allait passer un examen à la fin du mois et elle ne voulait en aucun cas que notre divorce perturbe le déroulement de ses études.

La première condition me paraissait insensée. Mais l’idée du divorce m’obsédait depuis quelques semaines maintenant. Je voulais me retrouver au plus vite près Marie. J’ai donc fini par accepter sa condition. J’ai fait part à Marie de l’étrange requête de ma femme, qu’elle trouva tout aussi absurde.

Durant le premier jour, nous étions tous les deux maladroits. Alors que je la portais, notre fils applaudissait derrière nous, tout content. J’ai ressenti à ce moment-là un sentiment plutôt bouleversant.

Le jour suivant, nous nous comportions plus naturellement. En la portant, je me suis rendu compte que ça faisait longtemps que je n’avais pas pris le temps de la regarder attentivement. Elle avait pris de l’âge.

Le quatrième jour, je sentais qu’une intimité toute nouvelle s’était instaurée entre nous. Après tout, on avions derrière nous 10 ans de vie commune.

Pendant le cinquième et le sixième jour, cette intimité grandit et prit plus d’ampleur.

Un jour, alors qu’elle essayait plusieurs robes, elle murmura que toutes ces dernières étaient devenues trop grandes pour elle. Et c’est là que j’ai réalisé à qu’elle point elle avait maigri, et que c’était justement la raison pour laquelle je la portais facilement, de jour en jour.

Le dernier jour, lorsque je l’ai prise dans mes bras pour la déposer au seuil de la porte, je lui ai confié que je n’avais pas remarqué à quel point notre vie avait manqué d’intimité.

Alors que je me rendais au travail, je fis soudainement demi tour. Sur mon chemin de retour, je me suis arrêté chez un fleuriste pour acheter des fleurs pour ma femme. La vendeuse me demanda ce qu’elle devait écrire sur la carte. Je lui répondit en souriant  « je te porterai dehors tous les matins jusqu’à ce que la mort nous sépare ».

Quand je suis rentré à la maison, avec un bouquet de fleurs à la main, j’ai gravi les escaliers en courant. Une fois arrivé à la chambre, j’ai trouvé ma femme seule dans son lit… morte.

Ma femme souffrait d’un cancer. Elle se battait toute seule et durant des mois contre cette maladie, mais je ne m’en suis jamais rendu compte, parce que j’étais très occupé avec Marie. Elle savait qu’elle n’avait pas beaucoup de temps à vivre et elle voulait passer le peu de temps qu’il lui restait avec moi, l’homme de sa vie. Son véritable amour. »