Le silence et l’horreur

Les silences qui renferment des cris sont quasiment toujours associés à l’horreur. Mais attention, l’horreur, ce n’est pas la même chose que la terreur.

Selon le dictionnaire, la terreur est une peur intense, tandis que l’horreur peut s’apparenter à un sentiment de peur, comme d’aversion. Ainsi, tandis que la terreur est due à une source matérielle, l’horreur provient d’une source imprécise.

Pour être plus précis : on ressent de la terreur face à un objet ou à une situation identifiables ; il peut s’agir d’un moustique, d’un dictateur ou d’un monstre imaginaire.

En revanche, on ressent de l’horreur face à une menace latente qui provient d’un objet qui est insinué mais qui n’est jamais défini. Cette horreur est ressentie face aux «êtres de l’au-delà», face au «désastre» ou à la «persécution».

En effet, le côté indéfini de ces menaces est précisément l’un des facteurs qui poussent au silence. Comment parler d’une peur extrême, ou d’une aversion extrême, si on ne sait même pas réellement de quoi elle provient ou le mal qu’elle peut exactement causer ?

On ressent simplement que c’est une chose «terrible», mais au-delà de cela, rien n’est clair.

On ressent de la terreur si l’on se retrouve face à un lion furieux, dans un endroit loin de tout. On ressent de l’horreur lorsque quelqu’un que l’on aime et qui nous était proche meurt subitement.

Dans les deux cas, une sorte de stupeur apparaît. Cependant, dans le cas de l’horreur s’ajoute le poids de l’impossibilité de décrire et d’expliquer.

L’horreur implique ces silences qui renferment des cris. Les mots ne sont pas suffisants pour exprimer l’ampleur de tout ce que l’on ressent. Les mots nous manquent.

Tout ce qui est dit semble être inutile : cela ne permet pas de se libérer de la douleur et ne permet pas non plus aux autres de comprendre à quel point ça fait mal.

Dans ces cas là, il semble que les mots ne servent à rien. Ainsi, la communication verbale est remplacée par des silences, mais également par des larmes, des gestes de mécontentement, des soupirs…

Cependant, ces expressions ne permettent pas non plus de surmonter la douleur, bien au contraire.