On ne perd pas ce que l’on n’a jamais eu
Établir une relation amoureuse avec une autre personne ne signifie pas que l’un possède l’autre.
Ainsi, on ne peut pas affirmer qu’une personne «perd» une autre, quand la relation se termine. Littéralement, ce que l’on vit comme étant une «perte» amoureuse est plutôt une évolution à l’intérieur d’un processus.
Les sentiments ne sont pas des choses fixes chez les êtres humains. Bien au contraire, que ce soit nos émotions, nos sentiments, nos besoins, nos attentes et tout ce qui forme notre monde intérieur, tout est en mouvement constant.
Nous avons un tempérament et un caractère qui est plus ou moins insistant, mais notre perception face aux objets d’affection et de désir est relativement instable.
Jusque dans les amours les plus durables et intenses, cela arrive. On n’aime pas la même personne, de la même manière à tous les moments de notre vie.
Parfois, on aime plus, parfois moins. Parfois, on n’aime pas et soudain, l’amour apparaît envers une même personne.
On ne peut même pas dire que nous nous possédons nous-mêmes complètement. Alors comment pouvons-nous penser que nous possédons une autre personne ?
Si nous faisons cela, c’est que nous sommes attrapés dans le fantasme de notre propre ego et cela nous empêche de différencier ce qui nous est propre de ce que nous est étranger. Nous finissons par croire que ce sont les mêmes choses.
C’est pour cela que face à une rupture, nous sentons que nous avons «perdu» quelque chose, comme si nous n’avions plus quelque chose qui nous appartenait auparavant.
Nous oublions que ce qui a changé ce sont les sentiments et les motivations, qui généraient avant de l’intimité et qui maintenant réclament de la distance.
L’unique vide que laisse un être humain dans la vie de l’autre est l’illusion qu’il serait là pour toujours.
Ce que l’on perd en réalité est le maintien de cette illusion, mais pas l’autre personne, car personne ne possède personne.
D’où le fait que, face à ces situations de rupture, au lieu de nous vivre comme un être qui a perdu une partie de lui-même, nous devrions penser l’instant comme un processus de guérison intérieure.