N’est-ce pas logique que le clitoris, en tout point similaire au pénis, mais essentiellement interne et sans le corps spongieux du pénis, produise des orgasmes si similaires à ceux des hommes et donc reconnaissables par un corps médical essentiellement masculin, qui attend et impose une jouissance vaginale similaire à la leur, tandis que ce dernier est un organe différent, produisant par conséquent des effets distincts ?

Les études s’accordent toutes à dire que seules 30% des femmes connaissent des orgasmes vaginaux satisfaisants. Ne faudrait-il pas plutôt dire « reconnaissent » ? Est-ce que la principale problématique des femmes n’est pas plutôt de savoir comment le reconnaître, dans la mesure où il a rarement des manifestations aussi tangibles que l’orgasme clitoridien ? Une étude peut-elle être un bon indicateur de la vérité, si les personnes interrogées, par manque de définition de la chose, ne peuvent savoir dire si elles la connaissent ou non ?

Avant d’inquiéter les femmes sur une « sous-performance » sexuelle dans le cas où elles ne savent reconnaître les signes de la jouissance vaginale, ne faudrait-il pas d’abord rendre au clitoris la description qui faisait foi au XVIIIe siècle, de « verge féminine », puis de demander aux scientifiques de bien vouloir se pencher sur une définition valable des jouissances que procure le vagin, ce deuxième organe de plaisir, en cessant dès à présent d’incriminer celles qui ne savent dire ce qui n’a jamais été clairement énoncé ?

* « La Fabuleuse histoire du clitoris », Jean-Claude Piquard, Editions Blanche