Nous nous trahissons en pensant que nous aimons
Tout comme la personne égoïste est incapable d’aimer, la personne qui est obsédée par les autres, qui se consacre intégralement à ceux qui l’entourent et qui se déconnecte d’elle-même, en est également incapable.
Dans ce cas, on croit que l’on ressent tellement d’amour que l’on est capable de renoncer à ses propres besoins.
Cet exemple est évident chez les mères sur-protectrices et chez les personnes qui s’oublient pour ne prêter attention qu’aux autres, et se mettre à leur disposition dès qu’ils en ont besoin. Ce sont des personnes qui «retournent leur veste» selon les besoins d’autrui et qui se les approprient.
Cette manière d’aimer se trouve chez les personnes désintéressées, qui sont disposées à donner sans retour, et qui aiment les autres plus qu’elles-mêmes.
Cependant, elle est aussi trompeuse que celle des égoïstes, dont on croit qu’ils n’aiment qu’eux. Ces deux manières d’aimer sont une «auto-tromperie» où en fait, on compense exagérément cette incapacité à aimer.
“Il est plus facile de comprendre l’égoïsme en le comparant à la préoccupation avide des autres, comme celle que l’on trouve, par exemple, chez les mères sur-protectrices. Si elles croient consciemment qu’elles font preuve d’une tendresse extrême envers leur enfant, en réalité, elles témoignent d’une hostilité profondément réprimée contre l’objet de leurs préoccupations. Ses soins exagérés n’obéissent pas à un amour excessif de l’enfant mais au fait qu’elles doivent compenser leur incapacité totale à l’aimer.”
Comme on peut le vérifier chez les personnes égoïstes et chez les personnes qui se négligent elles-mêmes, ce sont deux manières d’être où l’amour envers soi-même n’existe pas, et où, donc, l’amour envers les autres ne peut prendre forme.
“On peut donc en déduire que ma propre personne doit être un objet de mon amour tout comme l’est l’autre personne. Dans l’affirmation de la vie, le bonheur, l’épanouissement et la liberté de soi-même, sont enracinés la capacité à s’aimer, le soin, le respect, la responsabilité et la connaissance de soi. Si un individu est capable d’aimer de manière productive, il s’aime alors également lui-même ; s’il n’aime que les autres, il ne peut aimer de manière absolue.”