Le pervers revient-il systématiquement à la charge après la rupture ?

Il revient très souvent, oui. Un des symptômes, c’est le besoin de vérifier sa toute-puissance. Et il le fait en revenant et on va lui ouvrir les bras. Combien de personnes m’ont dit :  » Nous avions arrêté, pour moi, c’était définitivement terminé. Et puis il est revenu, il était absolument charmant, il a réussi à me convaincre en me disant : ‘J’ai compris mon erreur et je te présente même des excuses…' ». Et très rapidement, la situation redevient la même…

Dans Mon Roi, la victime jouée par Emmanuelle Bercot est une fille « normale », presque banale.

Elle doit avoir de grandes qualités. Une chose étonnante, c’est que le pervers critique tout le temps sa victime, mais en réalité, quelque part, il l’admire. Et ça, il ne le supporte pas. Il a le sentiment que l’autre est supérieur à lui. A la fois, il en joue dans le sens où il va s’enorgueillir de ça (« Regardez, je suis quelqu’un de tellement bien que je plais à cette personne qui est tellement bien »), et en même temps, il fait tout dévaloriser l’autre. C’est son moyen à lui d’éviter que l’autre prenne trop la confiance et le quitte. Inconsciemment, le pervers narcissique a le sentiment qu’il ne vaut rien. S’il est avec quelqu’un de bien et que cette personne s’en aperçoit, forcément, elle va partir.

Il y a donc une forme de jalousie…

Oui, une jalousie constante.

Abandonnique, brillante… Quels sont les autres « critères de sélection » de la victime idéale du pervers narcissique ?

C’est toujours quelqu’un qui a une faille narcissique, qui doute fortement de ses qualités. Elle peut être structurelle, car on a été éduqué par des parents ou dans un milieu qui ne nous ont pas valorisé, ou conjoncturelle. Quand vous trouvez un nouvel emploi, même si vous êtes avez les compétences, vous doutez : il va falloir que je plaise, que j’y arrive, que je brille… Quelqu’un qui voudrait vous effondrer à ce moment-là va profiter de votre doute pour vous enfoncer.

Prend-il du plaisir à détruire l’autre ?

Le profil-type n’existe pas : il y a des personnes qui emploient des mécanismes de pervers narcissique lorsqu’elles vont très mal, mais qui, en temps normal, ne sont pas des pourris. Il y a une forme de personnalité où les personnes se sont installées dans cette relation extrêmement confortable pour elles. Et là, si au début, ce sont des mécanismes de défense, très rapidement, il peut y avoir une jouissance à détruire l’autre. A ce moment-là, on peut parler de sadique narcissique.