Vous décrivez le pervers comme un « vomisseur ».

C’est le phénomène de projection : c’est toujours à cause de toi que ça va mal. Comme lors d’un gastro, on vomit son poison, son virus, le pervers narcissique vomit le moindre conflit interne. Il ne supporte pas. Par exemple : une dame rentre dans la voiture de son mari, il fait une marche arrière et emboutit la voiture de sa femme. Il se retourne immédiatement vers elle en lui disant : « Mais enfin, tu ne te gares jamais là d’habitude ! ». Il ne peut pas envisager la moindre culpabilité, ça le rendrait malade.

L’éducation joue-t-elle dans la construction d’un pervers narcissique ?

Oui, un enfant-roi peut donner quelqu’un de pervers, car c’est quelqu’un qui ne supporte pas la frustration.

Comment identifier le pervers narcissique, quels sont les signaux d’alerte ?

La perversion narcissique s’appuie sur une relation difficile à défaire : soit un enfant avec ses parents, soit un employé avec son chef de service ou son patron, soit un couple. On a donc toujours une relation filiale, de subordination ou une relation amoureuse. Dans le cadre du couple, la question à se poser, c’est : « Est-ce que je suis bien dans cette relation ? ». C’est la question que je pose aux personnes qui viennent consulter. Si vous êtes bien dans cette relation, qu’il soit pervers ou pas, peu importe.

Est-il possible d’échapper définitivement à l’emprise du pervers narcissique ?

Oui, en partant et s’il insiste, on appelle la police. Alors c’est plus compliqué quand il y a des enfants au milieu ou qu’il y a un salaire. Et c’est pratiquement impossible s’il s’agit des parents et que la victime est mineure. Car en plus, c’est pratiquement indémontrable.

Comment s’échapper lorsqu’on est en prise avec un pervers narcissique dans le cadre du travail ?

C’est beaucoup plus compliqué. Tout d’abord, il faut s’en apercevoir et comprendre pourquoi on se sent mal, pourquoi on se sent tout le temps coupable. En entreprise, il y a des mécanismes qui sont absolument abominables et d’une subtilité incroyable. Par exemple, on va vous donner une tâche, avec le sourire (car le pervers narcissique n’est pas forcément quelqu’un qui fait la gueule ou vous insulte- il en est d’autant plus dangereux).Il va dire : « J’ai confiance en vous, je vous confie cette mission ». Au départ, cela vous rend joyeux qu’on ait confiance en vous. Le problème, c’est que cette mission, vous ne pourrez pas la réaliser soit parce que vous n’en avez pas les compétences, soit parce qu’on ne vous en donne pas les moyens. Et très rapidement, on va vous dire : « Malgré toute la confiance que j’avais placée en vous, vous m’avez déçu ». C’est toujours très violent, mais pas forcément très agressif.