Le lâcher-prise

Pour beaucoup de femmes, le plaisir est inquiétant – psychiquement, la pénétration n’est jamais anodine. Elles ne cessent d’alterner entre envie du pénis et peur de l’intrusion. Selon les jours, selon les moments, ces deux sentiments se succèdent. « Si le plaisir est attendu et même revendiqué, avance la psychanalyste Catherine Blanc (auteure de La sexualité des femmes n’est pas celle des magazines (La Martinière, 2004)), il continue à inquiéter l’inconscient des femmes, car elles peuvent avoir peur de l’envahissement et douter de leur capacité à accueillir le sexe de l’homme. »

À cette inquiétude s’ajoute celle d’être submergée, emportée par l’orgasme, que l’on ne dénomme pas pour rien « petite mort ». Ce plaisir ne risque-t-il pas de les engloutir ? Pourquoi ne parviennent-elles pas à se laisser aller à écouter cette petite voix qui les guide vers l’orgasme ? Parce qu’elles craignent que cette voix ne dévoile des choses pas très agréables sur elles-mêmes, un peu dégoûtantes, même ?

Ou qu’elle leur fasse prononcer des obscénités qui sortiraient de leur bouche tels les crapauds s’échappant des lèvres des méchantes filles dans les contes ? Les femmes ont peur de découvrir que leur plaisir est infidèle à ce qu’elles croient et voudraient être. Lâcher ces peurs inconscientes est possible quand le cerveau peut déconnecter en vue de se concentrer sur les sensations ressenties.