Des fantasmes
Faire l’amour à plusieurs, dans une église, sur une plage ensoleillée… Pour parvenir à l’acmé du plaisir, nous avons tous besoin de ces petits films intérieurs excitants qui alimentent le désir. Les scénarios les plus fréquents et, selon les psychanalystes freudiens, les plus efficaces mettent en scène des situations de domination ou d’humiliation. Pour l’homme, être manipulé par une femme experte (ou, à l’inverse, dominer une pure jeune fille). Pour la femme, être prise de force.
C’est également le constat de Claude Crépault, professeur de sexologie à l’université du Québec, au Canada. Il ne s’agit pas de masochisme, plutôt de mises en scène permettant de dire : « Je ne suis en rien responsable du plaisir que je prends, je subis le désir de l’autre. » D’après l’expert canadien, ces fantasmes sont les « plus archaïques qui soient ». Ils seraient des restes transformés de la sexualité infantile, où le désir de l’enfant se dirige vers son père ou sa mère, personnages dont il dépend et à qui il doit obéir.
Nos fantasmes les plus intimes ne donnent jamais une bonne image de nous. Ils constituent notre côté pervers, selon les freudiens. Pourtant, contrairement aux vrais pervers qui ont besoin de les mettre en acte pour jouir, les gens dits « normaux » se satisfont presque toujours de leurs rêveries érotiques, solitaires ou partagées avec le partenaire. « Rien ne risque autant de s’effondrer qu’un désir réalisé.
Le réel banalise le désir. Il le vide de sa magie », écrit Claude Crépault. Vivre dans le présent, le concret, est peut-être une clé pour mieux vivre le quotidien, mais ce n’est pas la voie royale vers l’orgasme.