L’acceptation

L’orgasme est imprévisible, voire inattendu. Et il faut accepter que le plaisir soit au rendez-vous. Ou pas… « On trouve dans l’acte sexuel des sensations uniques qui n’attendent pas l’orgasme pour exister », rassure Catherine Blanc. Du ventre maternel, nous conservons le souvenir des mouvements de notre corps contre la paroi utérine. Le toucher des gestes amoureux nous renvoie à ce temps de douceur dans le contact des peaux. L’acte sexuel est un moment sublime d’incarnation des émotions. À cet instant, nous semblons n’être que sensations : des frissons, de la tension, de la détente, voire des pleurs ou des rires. « L’orgasme, poursuit Catherine Blanc, ces quelques secondes de plaisir intense, n’est que l’aboutissement de tout ça. Nous devenons émotion, et là réside la jouissance. »

L’orgasme est une danse intérieure qui, pour beaucoup de femmes, n’est donnée qu’avec le temps, celui dont elles ont besoin pour se laisser aller, entrer dans l’intimité de leurs sensations, de leurs envies, de leur désir. Découvrir une dimension nouvelle de soi, laisser son corps prendre les commandes, exprimer librement sa part animale, mais aussi cultiver le jardin de ses sens et de ses fantasmes…

Accéder à la jouissance exige que l’on dépasse la connaissance superficielle et confortable que l’on a de sa sexualité pour prendre le risque de la découverte. « Nous recevons à l’adolescence un capital sexuel, mais pour en jouir de manière enrichissante, élaborée, c’est-à-dire de manière non répétitive, il va falloir l’affiner, le développer, explique le psychanalyste Gérard Bonnet, auteur de L’Irrésistible Pouvoir du sexe (Payot, 2001). C’est le travail de toute une vie. Un travail qui demande de la curiosité et de la créativité, et que l’on fait à deux. »

Se connaître pour mieux se surprendre, telle pourrait être la devise de ceux qui ne se contentent pas d’une jouissance mécanique. « La dimension ludique de la sexualité est essentielle », affirme Mireille Bonierbale, auteure, avec Nadine Grafeille et Marie Chevret-Measson, des Cinq Sens et l’Amour(Robert Laffont, 1983), médecin et sexologue. Et jouer, c’est accepter les hauts et les bas de la rencontre sexuelle. Parfois merveilleuse, parfois moins. Dans la sexualité, se fixer un but c’est partir sur une mauvaise route. Il faut accepter que s’exprime cette part de nous-même qui nous échappe.