Les signes qui doivent alerter sont souvent indirects et subjectifs

« C’est une question mystérieuse et délicate », prévient Dominique Barbier, psychiatre et psychanalyste, auteur de La fabrique de l’homme pervers chez Odile Jacob. « Les signes qui doivent alerter sont souvent indirects et subjectifs, d’où la difficulté pour les victimes de partir avant que cela ne soit trop tard ».

Mais, recommande le psychiatre, « lorsque l’on commence à ressentir un trouble diffus et indicible, que le comportement personnel change, que d’extraverti(e) on devient renfermé(e), que l’on se sent déboussolé(e) sans parvenir à l’admettre, il faut s’interroger. » Ce qui n’est pas évident, admet-il, « tant la société d’aujourd’hui ne nous invite pas vraiment à l’écoute de nos émotions et sensations ».

Souvent, la prise de conscience arrive alors que le mal est déjà bien fait: « la personne victime de cette relation toxique ne parvient plus à prendre de décisions, elle perd son libre arbitre et s’isole ». Sarah a vécu cela avec son conjoint, qui « à force de m’avoir répété quotidiennement que je n’étais bonne à rien m’a fait croire que c’était vrai ». « Il n’aimait pas mes amis, je ne les ai plus vus, il critiquait ma mère, je l’ai éloignée.

Il était jaloux de mes collègues, j’ai fini par démissionner pour rester à la maison. Jusqu’au jour où j’ai sombré dans la dépression ». Ce qui a sauvé Sarah, c’est justement sa mère, « qui a refusé de se laisser évincer et m’a emmenée quasiment de force avec elle ». Après une longue thérapie et une séparation compliquée, Sarah « reprend vie », consciente « d’être passée très près du suicide ». « Je ne pouvais pas croire que quelqu’un qui prétend vous aimer veuille en réalité vous vider de toute substance« , confie-t-elle.