Les victimes? Souvent des personnes en proie à la dépendance affective

« Les pervers narcissiques et les manipulateurs ont en effet pour but de se nourrir de la joie de vivre de leurs victimes, de leur prendre tout ce qu’ils sont eux mêmes incapables d’éprouver, explique Dominique Barbier. C’est pour cette raison qu’il existe non pas un profil mais des tendances communes chez leurs proies: il s’agit souvent de personnes vulnérables et sensibles, qui souffrent de culpabilité et de dépendance affective et qui sont la plupart du temps tournées vers l’autre. » « La personne toxique va repérer ce besoin d’altérité et développer une séduction extraordinaire pour attirer à elle sa victime ». « Cette gentillesse excessive, cette façon de vous mettre sur un piédestal doivent d’ailleurs être des signaux d’alarme. Lorsque cela paraît trop beau pour être vrai et honnête, il faut se méfier et garder à l’esprit que personne ne nous veut autant de bien gratuitement et ne nous aime ainsi d’emblée. »

Attention, nuance par ailleurs Dominique Barbier, les relations toxiques peuvent également survenir en dehors de la perversité « Il y a tout simplement parfois de mauvaises rencontres, des inconscients qui ne s’accordent pas », constate-t-il. « La chanson « Les bigotes » de Jacques Brel résume assez bien cela.

Elle parle de ces femmes qui se rassemblent pour prier, au nom de valeurs très nobles, mais qui passent leurs journées à critiquer les autres. C’est assez emblématique de ce qui peut survenir dans certaines « amitiés », qui ne se construisent que sur la médisance ou la jalousie et qui petit à petit isolent les protagonistes. »

Autre exemple cité par Dominique Barbier, « certains parents trèsanxieux, qui ne veulent pas de mal à leurs enfants mais qui à force de vouloir les prémunir contre tous les dangers et de leur prédire le pire s’ils s’éloignent trop, les empêchent de devenir autonomes. »

Deux types d’aides: celle d’un thérapeute et celle de l’entourage

S’il y a plusieurs degrés et combinaisons possibles, s’il ne faut en effet pas voir un pervers narcissique derrière chaque chef un peu trop autoritaire ou mari jaloux, il ne faut pas ignorer le mal-être qui s’empare de soi et être capable de se demander si cette personne qui est entrée dans notre vie nous veut vraiment du bien.

Si la réponse est non, « la meilleure solution reste la fuite« , conseille Dominique Barbier, admettant toutefois « que ça n’est évidemment pas toujours possible ». Il distingue alors deux types d’aides: « celle d’un thérapeute », qui peut accompagner la victime dans son émancipation et son processus de guérison et celle, « non spécifique, de l’entourage ». « Il faut « reprendre contact avec ses amis, se remettre au sport, aller au cinéma, en un mot, arriver à se détendre et romprel’isolement« , recommande le psychiatre. Il conseille aussi de rendre « les autres témoins de l’attitude incohérente de la personne toxique ».

« En tant qu’ancienne victime, je recommande pour ma part de se protéger en se construisant une carapace, en ne laissant plus les gens entrer dans son intimité sans être sûre qu’ils soient bienveillants.

Personnellement je ne parle plus de ma vie privée au travail par exemple, j’ai appris à fixer des limites« , indique Sandrine. « Il faut prendre conscience que la vie ce n’est pas un club de vacances et que l’être humain est mu par des pulsions souvent destructrices », souligne quant à lui Dominique Barbier. « La société d’aujourd’hui, fondée sur la jouissance et l’individualisme fabrique de plus en plus de pervers. Pour s’en prémunir, il faut retrouver le sens de certaines valeurs comme celles de l’altérité, de l’effort, des relations qui se construisent peu à peu, sur la base de la confiance« .