Certains individus savent extrêmement bien parvenir à leurs fins. Agréables en société mais bourreaux avec leur conjoint, ils les isolent affectivement tout en les exploitant financièrement. Eux, ce sont les pervers manipulateurs. Dans « J’ai aimé un pervers » paru aux Editions Eyrolles, trois femmes racontent leur quotidien avec ces hommes narcissiques et comment elles ont eu le courage de se révolter. L’une d’entre elles, Carole Richard, nous a livré son témoignage.
J’AI EU LE COUP DE FOUDRE POUR LUI
« J’ai rencontré Jean l’été de mes vingt ans alors que j’étais partie travailler dans un village avec une bande de copains. Il était beau et bronzé. J’ai eu le coup de foudre. Il avait un profil atypique, différent de ce que j’avais connu auparavant. Il avait un passé triste, une enfance malheureuse. Il s’était fâché avec son frère, avait un contentieux avec sa mère. Sa mère l’a eu très jeune, à 16 ans. Je voulais l’aider, j’étais là pour l’écouter. J’avais le syndrome du sauveur. Quelques semaines après notre rencontre, je suis montée à Paris le rejoindre. Nous avons alors cherché une formation dans l’hôtellerie. Lui en tant que barman, moi en comptabilité. Mais rapidement, j’ai eu envie de voyager, de partir, lui non. Cela ne lui plaisait pas. J’ai donc repris mes études. Dès que j’ai eu mon diplôme, cela a vite déraillé. Un boulet s’est progressivement installé à la maison. Je voulais qu’il réussisse, qu’il trouve un travail qui lui plaise mais il ne voulait pas. J’ai tout fait pour qu’il y arrive, je lui ai tout offert sur un plateau. Je n’ai jamais baissé les bras. Je suis le genre de fille qui, lorsqu’elle se lance un défi, va jusqu’au bout. En fait, il savait que je réussirai, il a toujours su que je réussirai.
NOUS N’AVONS PAS PRIS DE PHOTOS À NOTRE MARIAGE
Nous nous sommes mariés rapidement mais sans qu’aucune photo de mariage ne soit prise, il n’en voulait pas. Les pervers vivent pour eux. Ils font tout pour nous éloigner de notre famille. Je n’ai pas vu mon frère aîné pendant 20 ans et mon autre frère pendant 5 ans. Ma nièce était triste de ne plus passer de Noël avec moi. Lui était sans famille et n’avait pas d’amis. Mes amis ? Jean les critiquait sans cesse même si, face à eux, il prêchait la bonne parole. Il ne m’a pas laissé les voir comme je le souhaitais. Sans que je m’en rende compte, je n’étais plus libre de mes faits et gestes. Lors d’une soirée professionnelle, je me souviens qu’il était là à m’attendre sur le perron, prêt à m’attraper par le collet. S’il m’avait battue, je ne l’aurais pas toléré.
Même quand j’étais enceinte, j’en ai bavé. Il s’était fait une vie, s’était installé dans un système et les enfants venaient perturber son petit monde. Moi, j’étais sur mon schéma, lui le sien. J’ai manqué divorcer en 1992 mais, une fois mariée, dans ma famille, on ne divorce pas comme ça. J’ai reçu une éduction stricte. Je me suis mariée contre la volonté de mes parents et je voulais leur prouver que je réussirai. Cette année là, aucune destination de vacances ne lui plaisait… comme d’habitude. J’ai pris un avocat en urgence. Il est redevenu gentil et tout est reparti de plus belle comme si de rien n’était. Un jour, il m’a fait un cadeau. Il acheté un tableau qui ne correspondait pas mes goûts. En fait, Jean n’écoutait pas mes désirs. Et puis tout était érigé contre moi. J’étais une mauvaise mère. Il ne m’a jamais aimé. Moi, je l’aimais, mais sans retour.