Le cœur a ses raisons, et parfois il s’emballe. Chez eux aussi. Ebranlant les remparts, les principes, la morale de base… Trois hommes racontent leur scandaleuse pulsion et leur amour impossible.

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AMOUR IMPOSSIBLE : CELA N’ARRIVE PAS QU’AUX AUTRES

Les amours impossibles, cela n’arrive pas qu’aux autres, dans la tragédie grecque ou au cinéma. Les hommes que nous avons rencontrés avaient jusque-là connu l’amour tranquille, celui dans lequel on plonge sans se poser mille et une questions. Et qu’on peut vivre devant les autres, comme tout le monde. Mais un jour, un regard, un geste, une odeur a bouleversé leur vie. Ils sont tombés amoureux, ou juste fous de désir, de la mauvaise personne au mauvais moment. Celle que tout – la morale, la loyauté, la politesse de l’amour… – leur interdisait.

 

Les uns ont franchi la ligne rouge, au risque de ruiner leur couple et même de belles amitiés ; d’autres ont résisté et vivent encore avec un fantasme obsédant qui les empêche d’aimer sereinement celle qu’ils ont épousée.

 

Comment tous se débattent-ils avec leur secret ? Leur culpabilité ? Leurs pulsions refoulées ? Trois hommes nous ont confié, en tout anonymat, l’histoire d’amour la plus « tordue » de leur vie.

AMOUR IMPOSSIBLE : « JE L’AI TROMPÉE AVEC SA MEILLEURE AMIE »

Témoignade de Ludovic, 35 ans.

 

J’aime profondément ma femme. Elsa est belle, douce, aimante, fiable, fidèle. Elle a huit ans de plus que moi, ça lui donne un côté maternel qui me rassure… Lorsque je l’ai rencontrée, j’ai craqué au premier regard. Dès notre deuxième rendez-vous, elle m’a présenté sa meilleure amie, Claire. Elles travaillent dans la même agence de pub, partent en vacances ensemble. Claire a toujours fait partie de notre décor. Quand j’ai épousé Elsa, elle a été son témoin.

 

Pendant des années, si j’éprouvais un désir secret pour Claire, je l’avais refoulé car je savais que c’était un amour impossible. Je me disais juste : « J’aime ses mains », ou encore : « Sa présence est agréable. » Et puis Elsa est tombée enceinte. Nous étions au comble du bonheur. Mais au bout de quelques semaines, la grossesse s’est avérée difficile : anxiété, vertiges, hémorragies. Nous avons cessé de faire l’amour, j’étais incapable de la toucher. Elle devait accoucher en octobre 2005.

 

En août, nous avons décidé de passer nos vacances dans l’appartement de sa mère, dans le Var. Je devais partir le premier, pour descendre la voiture et préparer l’appartement. Comme toujours, Claire était du voyage, et Elsa lui avait suggéré de partir avec moi, ça me ferait une compagnie… Nous sommes partis un vendredi. Claire était adorable et prévenante. Amis de longue date, nous pouvions aussi bien nous faire des confidences qu’accepter les silences. Nous sommes arrivés vers minuit. Il faisait chaud, nous n’avons même pas branché l’électricité, nous avons posé nos valises et ouvert la grande baie qui donne sur le balcon. On était côte à côte, la nature bruissait, la mer scintillait sous les étoiles, tout était calme et voluptueux. Nous nous sommes regardés et nos visages se sont rapprochés. C’était plus fort qu’un désir : une évidence. On a fait l’amour contre la balustrade, doucement, longtemps, en parfaite harmonie, comme si on l’avait déjà fait des dizaines de fois.

 

J’aime ma femme, et je l’ai trompée avec sa meilleure amie. Mais la plus grande trahison ne vient-elle pas de Claire ? Les femmes ont entre elles des rapports incompréhensibles. Nous n’avons jamais refait l’amour. Lorsqu’Elsa est arrivée, ma trahison me faisait mal partout, et j’ai eu soudain très peur de la perdre. Nous n’avions aucun jeu ambigu avec Claire. Tout ce que je voulais, c’était épargner à Elsa le moindre doute. Je me sentais faux, et je pensais qu’à travers le moindre regard sur Claire, Elsa comprendrait. Des années après, il arrive encore que cette vision de Claire sur la balustrade me taraude, mais elle n’a rien à voir avec l’amour. Je ne considère plus Claire comme une amie. Elle est étrange avec moi. Lorsqu’elle a trouvé l’homme de sa vie, elle m’a demandé – à moi, pas à Elsa – d’être son témoin. J’ai refusé en prétextant un déplacement à l’étranger. La femme est un mystère.