AMOUR IMPOSSIBLE : « J’AI CRAQUÉ POUR LA FEMME D’UN POTE »
Témoignage de Thomas, 38 ans.
Tous les étés, depuis des années, ma femme et moi partons en vacances dans la même maison, à La Baule, avec trois autres couples. Une bande d’amis, avec des enfants du même âge… C’est toujours réussi. L’été dernier, j’ai tout gâché.
Un soir, nous dînions sur la terrasse, en refaisant le monde, comme d’habitude, éméchés au rosé. Louise, ma femme, était occupée au barbecue… J’ai vite senti qu’il y avait de l’eau dans le gaz entre Jeanne et Patrice, un couple de potes antiquaires. A plusieurs reprises, Jeanne m’a jeté des regards désespérés, du moins c’est ainsi que je les ai perçus. Du coup, quelque chose s’est révélé en moi, un truc qui devait être en gestation depuis longtemps : soudain je regardais Jeanne, cette belle femme mûre, comme si je la découvrais. Ses cheveux noirs, sa peau bronzée, ses lèvres pulpeuses, ses seins généreux : tout m’attirait. La soirée avançait, peu à peu tout le monde s’est éclipsé. Si je veux être honnête, je dois avouer que j’avais hâte de me retrouver seul avec Jeanne. Ça n’avait rien de suspect, car ce genre de situation arrivait tous les jours. Mais ce soir-là était différent. Il faisait très beau, nous avons décidé de faire une balade sur la plage. Et ce qui devait arriver arriva : on s’est jetés l’un sur l’autre et on a fait l’amour entre deux barques. C’était bon.
Le lendemain, au petit-déjeuner, on a fait comme si de rien n’était. Je ne sais pas si nos amis se doutaient de quelque chose, mais la semaine suivante fut étrange. La situation était excitante, je regardais Jeanne sans cesse, à la dérobée. Mais elle faisait comme s’il ne s’était rien passé, elle semblait réconciliée avec Patrice, comme si notre aventure n’avait pas existé. Ça me rendait fou. Finalement, un soir, n’y tenant plus, je me suis arrangé pour me retrouver à nouveau seul avec elle, j’ai essayé de l’embrasser, mais elle m’a repoussé. C’était ridicule, et je le savais. En revanche, ce que je ne savais pas, c’est que mon attitude des jours précédents avait éveillé les soupçons de Patrice, qui, en fait, ne dormait pas. Il était planqué dans l’obscurité de la maison. Et avait tout entendu. Je revois souvent en rêve la scène finale, comme tirée d’une série B : Patrice surgit et propulse son poing vers moi, je m’écroule sur la table encore chargée des restes du dîner, le sang gicle de mon nez, Jeanne pousse un cri strident, les lumières s’allument, et apparaissent les visages stupéfaits de nos autres amis, les enfants au regard endormi, Louise comme frappée par la foudre. Soudain, des années d’amitié et d’amour se sont brisées.
Le lendemain matin, nous avons écourté nos vacances et chacun est rentré chez soi. La bande a volé en éclats. Louise a obtenu le divorce. C’est étrange, car malgré ce gâchis, je n’ai pas réellement culpabilisé. Ce qui me reste de tout ça, c’est le goût sucré de la peau de Jeanne et cet amour impossible. J’ai souvent lu que les hommes sont dominés par leurs pulsions et que, pour assouvir un désir immédiat, ils sont capables de détruire leur vie. J’en suis, parmi d’autres, un exemple vivant.