sombre »

Le premier regard : C’est ce type au look plutôt passe-partout et au regard fascinant qui boit son verre de vin rouge au comptoir du bar pourri mais cool en bas de chez nous. Il connait bien le serveur qui ne lui demande même plus ce qu’il veut boire, et il est souvent entouré de poteaux a priori dark eux aussi avec qui il entre dans de grandes discussions jusqu’à la fermeture du troquet.

Rarement ivre, fan de Nietzsche et d’Antonin Artaud, il est cynique et refuse de parler de son passé vraisemblablement douloureux et « qui n’a de toute façon que peu d’importance aujourd’hui ». On ne sait pas très bien à quel moment il est passé du côté obscur, mais le dark tente de nous faire croire qu’il a toujours été comme ça (et qu’il a découvert Nietzsche à 6 ans et demi). Plutôt bienveillant, il s’intéresse à nous jusque dans les moindres détails et toujours avec sérieux (« Ah oui, tu aimes les calamars frits ? C’est bien ça…), mais il trouve toujours le moyen de ramener la discussion à lui (« Moi, les calamars me rappellent de mauvais souvenirs… Mais peu importe, continue. »).

Les premiers mois : On n’a jamais lu autant de bouquins, bu autant de vin… et ri aussi peu. Nos copines nous trouvent un peu relou et n’osent même plus nous demander si on a regardé le dernier épisode de Glee. Malgré tout, on se sent riche et inspirante, puisque le dark nous dit souvent qu’il a écrit « quelques lignes sur nous aujourd’hui, dans le métro ».

On le vit aussi assez mal quand il nous dit qu’il préfère rester seul chez lui ce soir même si ce n’est pas contre nous, et encore plus quand il lance avec détachement « qu’il ne croit pas vraiment en l’amour, et encore moins au fait de faire des enfants si c’est pour leur offrir un avenir aussi triste que celui qui nous attend dans un monde pareil. » Au final, notre relation rime surtout avec frustration, et ça, c’est pas bon.

Le dernier café : Après pas mal de soirées à tenter de comprendre pourquoi il préfère être sans nous dans son 25m² et pas mal de mises en garde de nos copines qui s’inquiètent de ne plus nous voir rigoler quand elles imitent Cyril Lignac, on commence à prendre conscience que le dark, d’abord fascinant, est désormais passé dans la catégorie des « chiants comme la pluie ».

Lassée de pleurer sur un avenir heureux impossible à atteindre avec lui, on le convoque au bar pourri mais cool en bas de chez nous et on lui souhaite presque sincèrement de trouver une fille qui pourra volontiers broyer du noir avec lui. Ouf.