Il ou elle guérira mes blessures du passé

 » On conçoit que la rencontre soit source de malentendu, souligne Véronique Nahoum-Grappe, chercheuse en sciences sociales, car elle est fondamentalement placée sous le signe du paradoxe. En effet, on désire ce qu’on ne peut avoir : les objets d’attachement du passé. Pour jouir à nouveau du plaisir qu’ils nous ont donné, pour qu’ils donnent ce qu’ils n’ont pas donné ou réparent ce qu’ils ont blessé.  » Mais cette attente d’être complété et  » réparé  » par l’autre est un leurre qui crée une faille dans le couple.

Exemples : Bastien aime Marine, de seize ans son aînée, parce qu’il attend qu’elle lui apporte la protection et la rigueur que son père, immature, n’a su lui offrir. Ses copains bien sûr n’y comprennent rien et le poussent à sortir des griffes de cette  » marâtre  » qui l’empêche de faire la fête toutes les nuits, comme avant !

L’attirance de Juliette pour Cyril, brutal et autoritaire, se fonde sur l’image du couple parental qu’elle avait, enfant, devant les yeux. Sa mère, souvent victime de la brutalité de son père, pleurait en silence, sans une plainte. C’est ce modèle de relations  » sadomasochistes  » que Juliette a intériorisé. En choisissant un homme très peu affectueux, elle s’identifie à sa mère et souffre avec elle.

Il ou elle résoudra l’énigme de ma filiation

Pour Chantal Diamante, psychothérapeute de couple, l’aspect transgénérationnel de la rencontre est essentiel :  » Quand un homme nous plaît, nous ne pensons pas à l’interroger sur sa filiation, ses ancêtres. Pourtant, s’il nous attire, c’est aussi parce qu’il a une histoire parallèle à la nôtre, parce qu’il est porteur d’un secret de famille identique ou équivalent. Chacun a ainsi l’espoir que cette rencontre lui permettra de trouver la clé résolvant l’énigme de sa propre histoire.  »

Gilda, par exemple, a découvert, bien après sa rencontre avec Lionel, qu’ils avaient tous deux un arrière-grand-père  » né de père inconnu « . Tous deux portaient en eux un blanc dans leur filiation et s’en sentaient honteux. C’est ce secret de famille minutieusement dissimulé qui les a aimantés. Et qui, sans doute, a été la cause de leur impossibilité à concevoir un enfant, un  » descendant de bâtard « , alors que ni l’un ni l’autre n’était stérile…