Sexualité mécanique

La génération de jeunes actuelle est moins active sexuellement que celle de toutes les époques précédentes. Comment ce paradoxe peut-il être possible ? Nous avons assisté à une perte d’attractivité et d’intérêt sexuel soutenu en raison de l’exposition excessive et continue au sexe. Nous sommes arrivé-e-s à saturation. Cela nous mène à une destruction de la qualité des relations sexuelles, à l’incapacité naturelle d’aimer et de se lier aux autres.

 

Il y a une peste émotionnelle, une nécessité de contrôle constant et une peur face à l’excitation et au plaisir réel. Les femmes parlent d’incapacité à ressentir du désir sexuel et une femme sur trois souffre d’anorgasmie. Les hommes connaissent des problèmes d’endurance sexuelle et le nombre d’éjaculateurs précoces augmente.


« Le sexe sans amour soulage seulement l’abîme qui existe entre deux être humains de façon momentanée. »

-Erich Fromm-


Qu’y a-t-il au fond de tout cela ? Une idéologie autoritaire et mercantile. Les idéologies s’ancrent dans les personnes, nous sommes une masse soumise face au système. Nous transformons l’autre en simple marchandise, en un chiffre de plus, en un produit échangeable. Avant, se vendre était la pire chose ; désormais, la pire chose est de se vendre à prix bas, c’est-à-dire que dans l’actualité, la chose impardonnable est de ne pas faire partie du marché de l’offre et de la demande sexuelle. On est puni-e-s pour ne pas mettre aux enchères notre côté désirable, pour ne pas entrer dans le jeu de recherche du meilleur enchérisseur.

Nous avons confondu la valeur et le prix. Comment ? En reléguant au second plan nos principes et nos valeurs et en étiquetant les personnes en fonction de certains critères, comme leur image ou leur pouvoir d’achat. Nous avons besoin d’étiqueter pour nous sentir sûr-e-s de nous, nous avons tendance à mal tolérer l’incertitude et les frustrations et c’est pour cela que nous préférons sélectionner les autres sur la base d’adjectifs frivoles qui simplifient et réduisent l’éventail de possibilités.

Nous cherchons à assouvir nos caprices au nom de «Carpe Diem» et nous évitons constamment l’angoisse à travers la recherche du plaisir. Avec ce prétexte, nous réduisons le processus de choix à deux options : j’aime ou je n’aime pas, et d’un rapide mouvement de doigt sur notre écran nous passons au produit suivant.