Pour que votre couple tienne le plus longtemps possible, mieux vaut savoir ce qui pourrait le faire trébucher. Comment repérer et déjouer les cinq pièges les plus classiques.
Problèmes d’argent
« Quand on aime, on ne compte pas » dit le dicton. L’amour et le couple seraient le lieu de la spontanéité et du don de soi. Erreur. « En réalité », constate Serge Hefez, psychiatre et thérapeute de couple et de la famille, auteur de « La Fabrique de la famille » (Kero)« c’est exactement l’inverse. Quand on aime, on calcule inconsciemment, ce que l’on donne et ce que l’on reçoit en temps, en cadeaux, en câlins, etc. ». L’argent serait ainsi la traduction concrète de cette comptabilité inconsciente. Avec les années, il donne souvent lieu à des conflits et des reproches : « Tu dépenses trop pour t’habiller », « Tu as vraiment besoin de changer de télé ? », etc.
Comment déjouer le piège
« Dans l’idéal, il faudrait pouvoir en parler clairement, mais c’est très compliqué. D’autant que personne n’est vraiment au clair avec l’argent », rappelle Sophie Cadalen, psychanalyste et auteur de « Aimer sans mode d’emploi : Suivre les chemins de son désir » (Eyrolles). Le symbole est ailleurs. Reprocher à l’autre ses dépenses ou ses radineries revient à l’incriminer d’être ce qu’il est – c’est-à-dire différent de nous. Comme si nous détenions la vérité. « Il faudrait, poursuit la psy, arriver à trois comptabilités différentes : la tienne, la mienne et celle du couple ». Et tolérer que notre compagnon ait des dépenses qui nous paraissent « aberrantes ». Tant qu’elles ne mettent pas la famille en péril…
« Pour que nos enfants soient épanouis, réussissent à l’école et aient les activités sportives et culturelles que l’on croit nécessaires de nos jours, ils ont besoin de notre énergie et de notre disponibilité. C’est presque un job à temps plein », constate Serge Hefez, qui souligne : « Entre les enfants et le travail, c’est souvent la dynamique conjugale qui perd de sa vitalité ». Sauf quand le travail est épanouissant, tempère Sophie Cadalen : « La relation de couple peut s’en nourrir ».
Les enfants et les ados pompent une grande énergie psychique. Et comme tous les parents d’aujourd’hui, nous nous inquiétons pour eux et nous posons mille questions sur leur bien-être et leur avenir. « Il faudrait s’occuper de soi, de son investissement au travail, de ses enfants et de son couple. Ce sont les quatre sphères dans lesquelles nous sommes censés donner le meilleur de nous-mêmes » insiste Serge Hefez. Et c’est souvent le couple qui en pâtit.
Comment déjouer le piège
En étant dans le « pas tout » comme disait Lacan. Pas tout entière dans une seule fonction. « Un seul rôle ne suffit pas à nous définir, car on n’est pas qu’une femme, une mère ou une institutrice, par exemple. De la même façon, mieux vaut ne pas tout investir dans une seule sphère, d’autant que chacune est un « plus » pour les autres », explique Sophie Cadalen. Le vrai piège serait de se prendre trop au sérieux – ce qui ne nous empêche pas de faire les choses sérieusement. Nous avons l’habitude de jongler.