Cette rencontre soudaine et violente jette le trouble et nous ensorcelle. Des psychologues et des sociologues nous aident à mieux comprendre ce moment d’exception où corps et esprit sont en fusion.

le-coup-de-foudre-lamour-des-le-premier-regard

Une évidence dès la première rencontre

« J’ai rencontré Léonard lors d’un dîner, raconte Eileen. J’avais 26 ans. Nous nous sommes serré la main. Une douce chaleur a envahi tout mon corps. Je n’arrivais pas à détacher mon regard du sien ! Je ne le trouvais pas très beau, mais j’étais comme envoûtée. Ces sensations étranges m’ont déstabilisée.  »

Le coup de foudre est un choc violent qui provoque un mélange de bonheur et de souffrance. D’un côté, on nage en pleine euphorie, de l’autre on est troublé, voire angoissé par sa violence. Le corps est dans tous ses états. Et si nous étions prédestinés à nous rencontrer ? « Le recours au destin, à la magie est une façon de donner un sens à un phénomène intense et troublant. Ainsi, il en devient moins inquiétant », explique Marie-Noëlle Schurmans. Cette âme sœur comblera nos désirs, du moins le croyons-nous…

Le cerveau en émoi

Tandis que notre corps est électrisé et notre esprit troublé, notre cerveau, lui, s’en donne à cœur joie. Au moment du coup de foudre, nous sécrétonsdeux substances chimiques qui nous entraînent dans une danse endiablée. D’abord, la dopamine, responsable de la motivation et qui nous pousse à l’action. Nos actes sont ensuite récompensés par la libération d’endorphines, ce qui engendre un état de bien-être. Ainsi, ce tandem dopamine-endorphines active ce que les neurobiologistes nomment « les circuits de la récompense » : le corps recherche ce qui est bon pour lui. Par exemple, nous embrassons notre amoureux, cela nous procure du plaisir et on a envie de recommencer. Or, ce phénomène rappelle l’état de manque des amateurs… de drogues. Car celles-ci agissent sur les mêmes circuits de récompense que ceux impliqués dans l’état amoureux.

Selon le neurobiologiste Jean-Pol Tassin, directeur de recherche à l’Inserm, la dépendance mutuelle des amants s’expliquerait par la dérégulation de la noradrénaline et de la sérotonine, deux autres substances chimiques sécrétées par le cerveau, qui se contrôlent mutuellement. Sous l’effet du choc amoureux, ces deux systèmes s’activent brutalement et risquent de se désolidariser : « Dans les semaines suivant le coup de foudre, ils ne fonctionnent plus de façon harmonieuse, surtout quand l’aimé est absent. D’où la sensation de malaise. Seule la présence de l’autre pourra les resynchroniser et entraîner un bien-être. » L’autre devient la solution à tous nos problèmes !